Le shilling kenyan a atteint lundi son plus bas niveau depuis trois ans face au dollar des états-Unis, à un niveau de 100,15, ce que les courtiers attribuent à une augmentation des importations et à une baisse des exportations.
S'adressant à Xinhua, des responsables de grandes banques commerciales ont déclaré avoir observé des baisses de recettes des produits d'exportation agricole majeurs, à savoir le thé et le café, ainsi que du secteur touristique, et des investissements directs étrangers (IDE) dans le pays, tandis que la demande d'importation reste élevée.
"Notre plus important produit d'importation actuellement est le pétrole ce qui entra?ne une forte demande de dollars. D'un autre c?té, notre principal produit d'exportation est le thé et celui-ci est en baisse. Le thé kenyan a désormais été dépassé par le thé du Brésil et d'éthiopie", a déclaré John Njenga, directeur de la Banque commerciale du Trésor africain.
Les analystes estiment que le shilling est soumis à une pression croissante en raison de la hausse du dollar, tandis que la dépréciation de sa propre devise traduit les problèmes que rencontre le gouvernement kenyan.
"La dépréciation du shilling est une réaction à l'impact net que subit l'économie en raison d'une augmentation des dépenses disproportionnée avec la croissance du marché monétaire", a estimé un analyste de la banque kenyane Equatorial Commercial Bank (ECB), dont le nom n'était pas précisé.
Le gouvernement a mis de c?té pour ses dépenses ordinaires 7,84 milliards de dollars, soit 12 % de son produit intérieur brut, et 2,64 milliards de dollars supplémentaires sont réservés pour les gouvernements des comtés.
Les analystes craignent que le déblocage prochain de fonds destinés aux dépenses ordinaires ne déclenche une crise de liquidité de cette économie, propulsant l'inflation "bien plus haut" que son niveau actuel de 7 %, et affaiblissant en conséquence le shilling.
"Le budget élevé indique que le gouvernement risque d'emprunter davantage dans l'économie locale", a commenté à Xinhua un responsable d'une banque commerciale régionale.
Par ailleurs, le climat d'investissement dans le le pays a souffert des vagues d'attaques du groupe combattant Al-Shabab, basé en Somalie.
Le secrétaire du cabinet Henry Rotich a déclaré que le Trésor national était désireux de trouver un équilibre entre "un soutien rapide à la croissance économique et le maintien de la discipline budgétaire".
La Banque centrale du Kenya (CBK) continue de resserrer sa politique monétaire. En juin, elle a relevé ses taux directeurs à un niveau de 10 %.