La recrudescence de la violence dans le nord du Mali est liée notamment au déplacement incontr?lé de certains groupes armés, a estimé le colonel-major Abdrahamane Baby, chef d'état-major général adjoint du Mali, chargé des opérations militaires sur le terrain.
La recrudescence de la violence s'est manifestée récemment par les attaques terroristes contre l'armée malienne à Tenenkou ( région de Mopti, centre du Mali) et les affrontements entre groupes armés à Tabankort (région de Gao dans le nord) et par l' attaque terroriste perpétrée samedi contre le camp de la MINUSMA à Kidal, qui a occasionné la mort d'un casque bleu tchadien et un autre blessé.
Les incidents sont intervenus à la veille de la reprise des négociations d'Alger entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord afin d'aboutir à un accord de paix global et définitif.
Faisant le point samedi devant la presse après l'attaque terroriste de Tenenkou qui a fait trois morts dans les rangs de l' armée malienne et "une demi-douzaine" chez les assaillants, le colonel Baby a indiqué que "deux prisonniers (terroristes) ont été remis à la gendarmerie".
L'officier malien a affirmé que les auteurs des attaques de Tenenkou sont affiliés à Al-Qa?da au Maghreb islamique (AQMI) ou à une de ses "Katiba (brigades)".
Suite à ces attaques, la Mission de maintien de la paix de l' Onu au Mali (MINUSMA) a exhorté toutes les parties à régler leurs différends dans le cadre du Comité technique mixte de sécurité ( CTMS), mécanisme créé et auquel elles ont adhéré à travers l' Accord préliminaire de Ouagadougou.
Elle a aussi lancé un appel ferme aux groupes responsables de cette violation à se conformer strictement à leurs obligations conformément à l'accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014.
Au cours de son point de presse, le colonel-major Abdrahamane Baby a soutenu que "les Forces armées maliennes (FAMA) respectent les accords signés par l'Etat malien".
Cependant, ajoute-il, "il y a malheureusement d'autres acteurs parmi les groupes armés qui ne respectent pas les accords" et qui "se retrouvent dans des localités où ils ne devraient pas être", créant ainsi "une source de la tension".
A son avis, l'arbitrage qui devrait être fait à ce niveau "n' est, peut-être, pas suffisant".
Dans son analyse, le colonel-major Baby a souligné qu'au-delà de cette "insécurité apportée par cette mobilité incontr?lée de certains groupes armés, il y a les groupes terroristes qui (...) constituent une menace réelle".
L'officier malien a regretté la "connexion entre ces terroristes et certains groupes armés impliqués dans le processus de paix".
"Nous croyons aussi que la majorité des groupes armés signataires sont dans le processus de paix, mais une frange silencieuse a une espèce de connivence avec les terroristes que nos services de renseignements sont encore en train d'étudier pour avoir des éléments probants", a-t-il expliqué.
Selon lui, ce sont des facteurs qui "contribuent à fragiliser l' environnement sécuritaire", sans oublier "les groupes armés terroristes, les organisations criminelles transnationales qui essaient de contr?ler des couloirs pour le trafic de drogue et de produits illicites. Des réalités qui augmentent la tension sur le terrain".
D'après l'officier, le fait qu'on s'approche de la fin du processus de paix, provoque "une espèce d'effet induit, chacun montre ses muscles dans l'espoir d'avoir, peut-être, gain de cause ".
"Nous sommes optimistes que le processus politique va aboutir, ce qui va nous aider à réduire cette menace au moins avec les groupes armés qui vont se mettre dans le chemin de la paix", a-t- il ajouté.
"Cela nous permettra, avec les partenaires internationaux, d' arriver à une meilleure définition des règles d'engagements pour traiter la menace résiduelle qui va rester (...)", a-t-il conclu.