Selon Wu Weiren, concepteur en chef du programme d'exploration lunaire de la Chine Chang'e-5, la sonde lunaire chinoise, sera lancée vers 2017 et sa mission de collecte d'échantillons du sol lunaire et de retour sur Terre sera la plus difficile jamais mise en ?uvre.
La dernière phase du programme d'exploration lunaire en trois phases -après la mise en orbite et l'alunissage en douceur- nécessite un système plus vaste et plus complexe, a dit M. Wu lors d'une exposition sur le programme d'exploration lunaire chinois, organisée à Hong Kong.
La troisième phase utilisera un nouveau site de lancement, une nouvelle fusée et une nouvelle sonde lunaire.
L'équipe fait face à quatre grands défis techniques : la collecte d'échantillons de la surface de la Lune, le décollage de la Lune, le rendez-vous en orbite lunaire et la rentrée à grande vitesse dans l'atmosphère terrestre.
Lors de la collecte d'échantillons, la foreuse sera susceptible de toucher de la roche, et les techniciens doivent s'assurer que la structure de la couche de sol n'a pas été endommagée.
Le décollage de la Lune nécessitera des ajustements continus de la latitude et de la stabilité.
Quant au rendez-vous en orbite lunaire, il devra être très précis, car il aura lieu à près de 400 00 km de la Terre.
Enfin, la rentrée à haute-vitesse de Chang'e-5 jusqu'au point d'atterrissage désigné sera aussi difficile, car on sait que d'autres pays ont perdu la communication avec leurs modules d'exploration à ce stade.
? Les techniciens ont réussi à surmonter de nombreux défis techniques et atteint le dernier stade de développement, impliquant l'expérimentation et la production de l'équipement ?, a déclaré M. Wu.
La sonde lunaire Chang'e-3 et son robot lunaire, Yutu, ou Lapin de Jade, ont été lancées à la fin de 2013, mais son mécanisme de contr?le a connu une défaillance lors de sa deuxième journée lunaire avant de se mettre en sommeil.
M. Wu a précisé que Yutu a été réveillé à nouveau, mais que ses problèmes persistent.
Lors de sa huitième journée lunaire, Yutu a été victime d'un court-circuit dans son mécanisme de déplacement et d'une dégénérescence partielle de son équipement, mais il a néanmoins terminé sa mission.
Yutu a mieux résisté que prévu, a dit Zhang Yuhua, concepteur en chef adjoint de la sonde lunaire Chang'e-3. L'état de son site d'alunissage était bien plus mauvais que prévu, tant la quantité que la taille des roches s'étant avérées bien plus importantes que ne laissaient entendre les statistiques étrangères. D'après les experts, Yutu aurait été endommagé par un rocher lors de sa deuxième journée lunaire.
Réparer Yutu était très difficile alors qu'il était 380 000 km de la Terre et sa puissance électrique a chuté après des mois de contraction et de dilatation répétées en raison de la différence de température de 300 degrés centigrades entre le jour et la nuit sur la Lune.
Il n'est toujours pas certain que la Chine construira un Yutu-2. Si c'est le cas, les concepteurs devront alors se concentrer sur l'augmentation de sa vitesse de déplacement, de son efficacité et de son adaptabilité, a précisé Jia Yang, un autre concepteur en chef adjoint de la sonde lunaire Chang'e-3.
Le Japon aurait développé une sonde lunaire non habitée dont le lancement serait prévu en 2019, ce qui est considéré comme un défi lancé à la Chine.
Mais, selon M. Wu, la Chine est déjà en avance.
Par rapport à la ? course à l'espace ? entre les états-Unis et l'ex-Union soviétique, l'exploration lunaire de la Chine est plus rationnelle, a-t-il dit.
? La Chine ne sera pas en concurrence avec d'autres pays ?, a déclaré M. Wu. ? Notre exploration lunaire est basée sur la recherche scientifique ?.
D'après lui, la technologie des sondes lunaires chinoises, comme l'observation et le contr?le, la simulation par ordinateur, et les logiciels pourrait permettre de générer une grande valeur économique pour peu qu'elle soit adaptée à une utilisation commerciale.
La collaboration avec des scientifiques de Hong Kong continuera lors de la troisième phase du programme Chang'e, avec le développement d'un dispositif de collecte d'échantillons lunaires.
L'exposition sur le programme d'exploration lunaire de la Chine a débuté à Hong Kong le 21 juillet au Musée des Sciences de Hong Kong ; c'est la première exposition en dix ans sur le programme d'exploration lunaire de la Chine.