Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué mercredi que le monde compte actuellement le plus grand nombre de réfugiés ou de déplacés depuis 1994, la crise en Syrie étant un nouveau facteur majeur de déplacements forcés dans le monde.
Selon le rapport statistique annuel publié mercredi par le HCR sur les tendances mondiales, qui couvre les déplacements de population en 2012 sur la base des données fournies par les gouvernements, les ONG partenaires et le HCR lui-même, plus de 45, 2 millions de personnes étaient déracinées, contre 42,5 millions fin 2011.
Ce chiffre comprend 15,4 millions de réfugiés, 937 000 demandeurs d'asile et 28,8 millions de personnes forcées de fuir à l'intérieur des frontières de leur propre pays. Le rapport n'inclut pas la hausse des personnes déracinées en 2013 par le conflit en Syrie.
La guerre demeure la principale cause des déplacements de population. 55% des réfugiés recensés dans le rapport du HCR sont originaires de cinq pays touchés par un conflit, dont l'Afghanistan, la Somalie, l'Irak, la Syrie et le Soudan.
Le rapport retrace aussi de nouveaux afflux massifs depuis le Mali, en République démocratique du Congo ainsi que depuis le Soudan vers le Soudan du Sud et l'éthiopie.
? Il s'agit là de chiffres véritablement alarmants, qui témoignent de souffrances individuelles intenses et soulignent les difficultés que rencontre la communauté internationale pour prévenir et régler les conflits?, déclare le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés et chef du HCR, António Guterres, dans un communiqué de presse.
Le rapport montre en outre que l'écart entre pays riches et pays pauvres ne cesse de se creuser en ce qui concerne l'accueil des réfugiés. Sur les 10,5 millions de réfugiés relevant de la compétence du HCR, la moitié vit en effet dans des pays dont le PIB par habitant est inférieur à 5.000 dollars.
Dans l'ensemble, les pays en développement abritent 81% des réfugiés dans le monde, contre 70% il y a dix ans. à ce chiffre s'ajoutent les 4,9 millions de réfugiés palestiniens qui dépendent de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Les mineurs de moins de 18 ans représentent 46% des réfugiés. De plus, des enfants non accompagnés ou séparés de leurs parents ont déposé 21 300 demandes d'asile en 2012. C'est le chiffre le plus élevé que le HCR ait jamais enregistré pour ce groupe de population.
Le HCR s'emploie à aider les personnes déracinées, notamment en leur offrant de l'aide et une assistance matérielle immédiate, ainsi qu'en recherchant des solutions durables.
L'année 2012 a marqué la fin du déracinement pour 2,7 millions de personnes, dont 526 000 réfugiés et 2,1 millions de déplacés. Parmi les cas ayant bénéficié d'une solution figurent 74 800 personnes dont la demande de réinstallation a été transmise par le HCR à des pays tiers.
L'an dernier n'a guère vu de changements par rapport à 2011 dans le classement des pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés. Le Pakistan a continué d'abriter davantage de réfugiés que tout autre pays avec 1,6 million, suivi de la République islamique d'Iran, avec 868 200, et de l'Allemagne, avec 589 700.
L'Afghanistan reste le pays qui génère le plus grand nombre de réfugiés, un rang qu'il occupe depuis 32 ans. En moyenne, un réfugié sur quatre dans le monde est afghan, 95% de ces réfugiés vivant au Pakistan ou en République islamique d'Iran. La Somalie, théatre d'un conflit prolongé, a été le deuxième pays d'origine des réfugiés en 2012, avec néanmoins un ralentissement récent dans les flux. Les Irakiens forment le troisième groupe le plus important de réfugiés avec 746 700 personnes, suivis des Syriens avec 471 400.
Le chiffre des personnes déplacées dans leur propre pays pour 2012 est le plus élevé depuis plus de vingt ans, avec 28,8 millions, dont 17,7 millions de déplacés internes soutenus par le HCR. L'assistance aux déplacés internes n'est pas automatique, puisqu'elle fait suite à la demande des gouvernements. De nouveaux déplacements internes d'envergure ont en outre été observés en République démocratique du Congo et en Syrie.