Dernière mise à jour à 09h04 le 17/03
Ce jeudi, la journée décisive pour le projet de réforme des retraites controversé du gouvernement fran?ais a abouti au passage en force du texte. Le gouvernement fran?ais a finalement décidé de faire usage de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution permettant l'adoption du projet de loi sans vote.
Après le compromis trouvé en Commission mixte paritaire mercredi, le projet était présenté au Sénat jeudi matin et devait être ensuite examiné à l'Assemblée nationale à partir de 15H00 heure locale.
Sans surprise, les sénateurs, majoritairement à droite, avaient adopté jeudi matin le texte issu de la Commission mixte paritaire du Parlement, avec 193 voix pour et 114 contre.
Une femme manifeste contre la réforme des retraites du gouvernement à Paris, en France, le 15 mars 2023. (Xinhua/Gao Jing)
La majorité absolue était estimée à 287 pour ce vote à l'Assemblée nationale. Avec 249 voix, la majorité présidentielle ne dispose que d'une majorité relative au parlement. Il lui était donc nécessaire, en plus de ses voix, de récolter 38 votes supplémentaires. Elle devait donc compter sur les députés du groupe LR, dont un certain nombre sont favorables au texte, proche des réformes voulues par la droite, mais le résultat restait incertain.
En début de séance à l'assemblée à 15H00, la Première ministre fran?aise Elisabeth Borne a pris la parole sous les huées des députés. "C'est sur votre réforme, sur le texte du parlement harmonisé, entre députés et sénateurs, par une commission mixte paritaire que je suis prête à engager ma responsabilité", a-t-elle annoncé, recourant par ces paroles à l'article 49.3 de la Constitution. Conformément à cette disposition, le débat a donc été suspendu et le texte est considéré comme adopté, sauf en cas de dép?t d'une motion de censure d'ici ce vendredi à 15H20.
Le Rassemblement national a déjà indiqué qu'il déposerait une motion de censure et voterait toutes celles qui seraient déposées. Le groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) envisage de son c?té de déposer une motion de censure transpartisane. Cette initiative est soutenue par La France insoumise. Eric Ciotti, président des Républicains, a annoncé pour sa part que LR ne s'associeraient pas à une motion de censure et n'en voteraient pas. Il a toutefois déploré au micro de BFM TV que "c'est l'échec de plusieurs années de politique et d'une méthode qui n'a pas abouti à trouver la majorité", regrettant "une crise profonde dans nos institutions".
Des déchets s'accumulent à cause des grèves des éboueurs dans une rue de Paris, en France, le 9 mars 2023. (Aurélien Morissard/Xinhua)
Dès le milieu de l'après-midi, des manifestations spontanées se sont organisées dans toute la France. A Paris, ils étaient plusieurs milliers à se réunir sur la place de la Concorde, aux abords de l'Assemblée nationale, en opposition au recours à l'article 49.3.
La journée de mercredi avait par ailleurs été le théatre d'une nouvelle mobilisation d'ampleur dans la rue, la 8e depuis janvier. La participation était élevée, d'après les estimations de la Confédération Générale du Travail (CGT), qui a estimé le nombre de manifestants au niveau national à 1,7 million, tandis que le ministère de l'Intérieur a quant à lui annoncé la présence de 480.000 manifestants en France.
Les mobilisations contre la réforme des retraites, menées par l'intersyndicale, se sont accélérées depuis le 7 mars avec des grèves reconductibles. Les secteurs des transports et de l'énergie ou encore les ports sont particulièrement touchés et provoquent des blocages importants. C'est aussi le cas des éboueurs, avec l'arrêt de la collecte de déchets dans plusieurs villes, dont Paris depuis plus d'une semaine. Selon la mairie de Paris, 9.400 tonnes de déchets s'accumulaient jeudi matin sur les trottoirs de la capitale, avec des poubelles qui débordent davantage à mesure que les heures passent.
Des gens manifestent contre la réforme des retraites du gouvernement à Paris, en France, le 15 mars 2023. (Xinhua/Gao Jing)
Invité de Franceinfo jeudi matin, le patron de la Confédération fran?aise démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger, a averti que "si la réforme est adoptée, la colère et la contestation de cette réforme ne cesseront pas au sens individuel et collectif".