Dernière mise à jour à 10h02 le 25/09
Les dirigeants mondiaux ont continué de défendre le multilatéralisme dans leurs discours préenregistrés pendant le deuxième jour de l'Assemblée générale des Nations Unies (ONU).
Le président finlandais Sauli Niinist? a appelé à faire des efforts pour inverser la tendance au déclin du multilatéralisme et a encouragé les Etats à faire preuve de bonne foi dans les affaires internationales.
"C'est précisément quand la demande de solutions mondiales augmente que notre capacité à les fournir s'affaiblit", a-t-il déploré mercredi.
"Le multilatéralisme souffre à la fois d'un nationalisme tourné vers l'intérieur et de la concurrence des grandes puissances. Les institutions que nous avons construites ensemble au fil des décennies sont soumises à une pression croissante. Les accords, normes et principes internationaux sont de plus en plus contestés et interprétés de manière à affaiblir à la fois leur potentiel et leur légitimité", a-t-il indiqué.
En fin de compte, si le respect des règles communément acceptées venait à dispara?tre, il ne resterait plus grand-chose d'un ordre fondé sur les règles, a-t-il averti.
"Nous devons inverser cette tendance. Plus que jamais, nous avons besoin d'une coopération multilatérale efficace. Plus que jamais, nous avons besoin de l'ONU. Ce n'est pas seulement notre responsabilité commune, à nous les Etats membres, de la renforcer. Il devrait être évident qu'il en va également de nos intérêts communs", a insisté M. Niinist?.
Fêtant cette année son 75e anniversaire, la Charte des Nations Unies demeure un programme remarquable pour l'avenir. Cette promesse s'accompagne néanmoins d'une condition importante : les Etats doivent s'engager de bonne foi, a-t-il souligné, ajoutant que seules les obligations remplies menaient à des droits et des avantages.
Le président mozambicain Filipe Nyusi a appelé à un engagement renouvelé en faveur du multilatéralisme pour relever les défis mondiaux.
La coopération multilatérale reste la meilleure approche pour relever les défis et atténuer les souffrances des personnes qui sont la principale raison de la création de l'ONU, a-t-il déclaré.
"Le multilatéralisme au sein de l'ONU est également essentiel si l'on tient compte du fait que l'économie mondiale, en particulier celle des pays en développement, a été gravement touchée par la pandémie de COVID-19 et que sa reprise nécessite des interventions mondiales, intégrées et concertées", a indiqué M. Nyusi.
Le nationalisme et l'isolationnisme ne permettront pas de répondre au COVID-19 et à d'autres maladies infectieuses de nature imprévisible, a-t-il averti.
D'autres phénomènes et défis mondiaux, notamment le terrorisme, le changement climatique, la cybersécurité, la santé publique, la recherche et le développement, le commerce et l'industrialisation, nécessitent également une intervention multilatérale dirigée par l'ONU, a soutenu le président mozambicain.
"Dans le village planétaire dans lequel nous vivons, la frontière entre les problèmes nationaux et internationaux est de moins en moins perceptible. La nature transnationale et l'interconnexion de ces phénomènes exigent un leadership qui reconnaisse que, dans le monde actuel, nos interventions doivent tenir compte de la relation intrinsèque entre les citoyens au niveau national, régional et mondial", a-t-il ajouté.
Sefik Dzaferovic, président en exercice de la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine, a développé son point de vue en citant les expériences de son propre pays.
Il est incontestable qu'au cours des dernières années, une très forte crise du multilatéralisme s'est manifestée, a déclaré M. Dzaferovic dans son discours préenregistré.
Les organisations internationales en général, y compris l'ONU, sont devenues un objet de défi et même de contestation, a-t-il poursuivi.
La pandémie de COVID-19 a montré que les plus gros problèmes contemporains ne pouvaient plus être résolus par des pays seuls ou par quelques pays. Ces difficultés ne peuvent être résolues que par une réponse transnationale et multilatérale, basée sur le dialogue et la coopération du plus grand nombre d'Etats possible, a souligné M. Dzaferovic.
Un accord historique pour un programme de relance économique de l'Union européenne (UE) d'une valeur de plus de 2.000 milliards d'euros (2.340 milliards de dollars) a montré la force de l'unité européenne et peut servir d'exemple à toutes les autres parties du monde, a-t-il fait valoir.
Le programme d'assistance de l'UE à la Bosnie-Herzégovine pour atténuer l'impact économique de la pandémie a renforcé l'engagement du pays en faveur de l'intégration européenne, a-t-il déclaré.
Le président kenyan Uhuru Kenyatta a affirmé que la pandémie de COVID-19 définissait les défis d'aujourd'hui, des défis qui ne peuvent être surmontés qu'avec la réussite de tous.
La ferme conviction du Kenya en faveur du multilatéralisme est alignée sur ses valeurs mondiales communes fondées sur la dignité humaine, l'équité, la justice sociale, les droits de l'Homme et la bonne gouvernance, a-t-il expliqué. La pandémie de COVID-19 devrait donner un nouvel élan aux efforts collectifs pour renforcer la coopération internationale.
Luis Abinader, président de la République dominicaine, a relevé que le monde était en meilleur état qu'il ne l'était en 1945, en grande partie grace aux efforts de l'ONU.
Le multilatéralisme est plus essentiel que jamais car le COVID-19 et les crises du changement climatique pourraient déclencher une série d'autres conflits.
Un esprit de collaboration et un système plus équitable doivent prévaloir lorsqu'il s'agit d'arrêter la pandémie, d'étendre le traitement et la vaccination et de se remettre de la pandémie, a-t-il insisté.