Dernière mise à jour à 10h17 le 13/05
L'approche de l'administration du président américain Donald Trump concernant la recherche d'un vaccin a exclu le gouvernement américain des efforts mondiaux accélérés contre le COVID-19, ce qui fait craindre que cette initiative pourrait échouer sans le soutien et le leadership officiels des Etats-Unis, a estimé un journaliste dans un article publié mardi sur le site Internet du quotidien britannique The Guardian.
Tom McCarthy, correspondant aux Etats-Unis pour l'édition américaine du Guardian, a écrit dans l'article que même si les laboratoires de recherche basés aux Etats-Unis font passer les vaccins candidats aux essais cliniques et que les sociétés pharmaceutiques réorganisent les usines américaines pour se préparer à une production à grande échelle, le gouvernement américain a "tourné le dos" à la coalition mondiale qui lutte contre la maladie.
Rappelant que les Etats-Unis n'ont pas envoyé de représentants comme d'autres grands pays et organisations internationales la semaine dernière à un sommet mondial virtuel qui a permis de réunir plus de 8 milliards de dollars américains pour le vaccin contre le nouveau coronavirus, l'article du Guardian révèle que M. Trump "a sollicité son gendre, Jared Kushner, et d'autres personnes pour diriger ce qui semble être une tentative unilatérale visant à mettre au point un vaccin que l'administration a baptisée 'Operation Warp Speed'".
Cité par le Guardian, Stephen Morrison, qui dirige le programme de santé mondiale au Centre d'études stratégiques et internationales, a déclaré : "Ce que les Etats-Unis ont choisi de faire lors de ces récentes réunions - ne pas y assister et ne pas y participer -, c'est plut?t de commencer à parler d'une sorte d'approche unilatérale (...) Il semble qu'ils adoptent l'approche 'America First'".
"Le risque est que ce type de départ des Etats-Unis fracture les efforts internationaux et crée des tensions, des incertitudes et des insécurités", a dit M. Morrison.
Selon le Guardian, la pandémie de coronavirus représente "un défi mondial par excellence" et même un bon vaccin pourrait ne pas conférer une immunité à long terme, "ce qui signifie que le virus ne sera vaincu nulle part tant qu'il ne sera pas vaincu partout".
Toutefois, l'article indique que M. Trump a attaqué les principaux acteurs internationaux de recherche de vaccins, notamment l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Chine.
M. Morrison, cité par The Guardian, a déclaré que M. Trump semble s'adresser à un public politique national lorsqu'il fait passer le message selon lequel "nous agissons par nous-mêmes, nous sommes moins dépendants des autres et nous livrerons plus rapidement et plus furieusement que nos concurrents".
S'appuyant sur l'histoire du leadership américain en matière de recherche sur les vaccins, Paul Duprex, directeur du Centre de recherche sur les vaccins de l'université de Pittsburgh, a déclaré au Guardian que "Nous (les états-Unis) avons joué un r?le déterminant en tant que pays" dans le développement des vaccins.
"Il est étrange d'avoir toute cette riche histoire de collaboration en sciences biomédicales, et de penser ensuite, à un moment donné et pour des raisons difficiles à comprendre, que l'on veuille faire cavalier seul, avec un problème mondial, alors que la collaboration est plus nécessaire que jamais", a-t-il dit au quotidien.