Une envoyée des Nations Unies pour l'Afghanistan a mis en garde mardi contre les dangers du bras de fer politique dans ce pays ravagé par la guerre, et ce alors même que le COVID-19 rend la situation encore plus complexe que d'habitude.

"L'Afghanistan semble se trouver à un tournant décisif", a déclaré au Conseil de sécurité Ingrid Hayden, représentante spéciale adjointe du secrétaire général des Nations Unies pour l'Afghanistan, en référence à l'impasse politique qui oppose en ce moment le président Ashraf Ghani à l'ancien chef du gouvernement Abdullah Abdullah.

M. Ghani a en effet été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle du 28 septembre 2019, et a prêté serment pour un second mandat le 9 mars 2020. M. Abdullah a cependant rejeté ce résultat, et a organisé le même jour sa propre cérémonie d'investiture présidentielle.

La stratégie de la corde raide a suscité de graves inquiétudes dans de nombreux milieux en Afghanistan comme à l'étranger, certains craignant en effet une erreur de calcul dangereuse qui pourrait avoir des implications durables pour l'avenir du pays, a indiqué Mme Hayden.

Malgré une intense implication des principales parties prenantes - les Etats-Unis, les acteurs régionaux et les dirigeants politiques afghans - le bras de fer se poursuit. La gravité de la situation a notamment été mise en évidence par la décision prise le 23 mars par les Etats-Unis de réduire immédiatement d'un milliard de dollars leur aide à l'Afghanistan pour l'année 2020, a-t-elle souligné.

La mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan exhorte toutes les parties afghanes à travailler ensemble afin de résoudre leurs différends de manière pacifique pour le bien du peuple afghan, a déclaré Mme Hayden. "Ce n'est pas le moment d'être divisés. C'est le moment de faire preuve de sens politique, de faire des concessions et d'être inclusifs. Les intérêts des Afghans doivent passer avant toute autre considération dont les droits des femmes, des minorités et des jeunes", a-t-elle indiqué.