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Dernière mise à jour à 10h52 le 05/10

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L'onde de choc de l'affaire Barroso: du pain bénit pour les europhobes

Xinhua | 05.10.2016 10h38

Le recrutement de l'ancien président de la Commission européenne José Manuel Barroso par la banque Goldman Sachs, des hauts fonctionnaires de l'Union européenne (UE) qui deviennent lobbyistes, des suspicions de conflits d'intérêt, autant d'affaires qui décrédibilisent une UE déjà très mal en point, s'alarme le Parlement européen, réuni cette semaine en session plénière à Strasbourg, qui demande des comptes à Bruxelles.

De nombreuses voix se sont élevées mardi après-midi dans l'hémicycle strasbourgeois lors d'un débat en plénière en présence du commissaire européen aux affaires économiques et monétaires. Les eurodéputés ont largement dénoncé l'absence de règles efficaces en matière de lobbying en Europe et reproché avec virulence à l'actuelle Commission européenne du Président Jean-Claude Juncker son manque de réaction et de fermeté face à l'affaire Barroso.

Le tollé provoqué début juillet par l'arrivée au sein de la banque américaine Goldman Sachs - honnie des Européens pour son implication dans la crise financière de 2008 - du Portugais José Manuel Barroso, qui fut aux commandes de la Commission européenne pendant une décennie (2004-2014), est loin d'être retombé. Bien au contraire.

Son ex-collègue, Neelie Kroes commissaire européenne à la concurrence et au numérique pendant la même période, est également montrée du doigt pour avoir cumulé jusqu'en 2009 son mandat avec celui d'administratrice d'une société basée au Bahamas, paradis fiscal, et avoir omis de déclarer ce poste dans sa déclarations d'intérêts à l'époque. Elle a rejoint les rangs d'Uber puis de Salesforce, la société américaine leader mondial du cloud.

Une autre membre de l'équipe Barroso est sous le feu des critiques depuis la semaine dernière. L'ancienne commissaire au climat la Danoise Connie Hedegaard, chargée durant son mandat entre 2010 et 2014 de superviser les émissions de CO2 des automobiles, qui devient conseillère chez le constructeur allemand Volkswagen, symbole du Dieselgate... Voilà qui fait grincer des dents de nombreux eurodéputés. Sans parler de l'opinion publique.

La pétition baptisée "Not in our name" (Pas en notre nom), lancée par six fonctionnaires et contractuels des institutions de l'UE deux jours après la révélation de l'affaire Barroso, a récolté près de 150 000 signatures dans le but d'exiger des sanctions exemplaires à l'encontre de José Manuel Barroso. De quoi décider le Président Juncker à renvoyer le cas de son prédécesseur devant le comité d'éthique.

Ce comité d'éthique comprend trois membres: un ancien juge néerlandais à la Cour de justice de l'UE, un social-démocrate allemand ancien membre du Parlement européen et un ancien haut responsable autrichien à la Commission européenne. Selon les traités de l'UE, les anciens commissaires qui n'agissent pas avec intégrité dans leurs prises de fonctions après avoir quitté leurs fonctions peuvent être privés de leurs droits à la retraite.

Le comité d'éthique a compétence pour se prononcer sur la compatibilité avec les traités des activités que les anciens commissaires souhaitent exercer à l'issue de leur mandat. Bruxelles avait jusqu'ici jugé que le cas Barroso ne semblait pas enfreindre le code de conduite puisque l'ex-président de la Commission européenne avait respecté la règle dite de "cooling" qui fixe à 18 mois la période qui sépare la fin du mandat bruxellois d'une embauche éventuelle.

L'article 245 du traité de l'UE exige que les commissaires européens "prennent, lors de leur installation, l'engagement solennel de respecter, pendant la durée de leurs fonctions et après la cessation de celles-ci, les obligations découlant de leur charge, notamment les devoirs d'honnêteté et de délicatesse quant à l'acceptation, après cette cessation, de certaines fonctions ou de certains avantages".

Le Président Juncker a été sommé par la médiatrice du droit des Européens, Emily O'Reilly, de "clarifier la position de la Commission" sur le cas Barroso avant le 14 octobre.

Les élites politiques européennes ont longtemps construit leur légitimité, non pas sur le rapport à l'élection (comme dans les Etats-nation), mais sur des formes d'expertise ou encore sur une capacité à défendre l'intérêt général européen, par-delà les égo?smes nationaux. Pour que cela fonctionne, elles se doivent d'être irréprochables.

Or, cette succession d'affaires au plus haut niveau des institutions européennes se présente comme du pain bénit pour les partis europhobes et populistes qui prospèrent sur fond de crise économique et sociale, attisée par une crise des valeurs, dans un contexte de crise migratoire sans précédent. Cela ne laisse guère augurer d'un ressaisissement de l'UE.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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