Si le groupe terroriste Etat islamique (EI) a réussi à dévoiler cette semaine les informations personnelles de plus de 1.000 employés gouvernementaux américains, il est possible qu'il l'ait fait tout simplement avec l'aide des réseaux sociaux, a estimé vendredi Colin Clarke, un expert américain des questions de sécurité.

Des hackers se revendiquant de l'EI ont publié mercredi une liste de fonctionnaires civils et militaires, pour l'essentiel américains, appelant leurs sympathisants à les attaquer. Cette liste comprend le nom, l'adresse électronique et le numéro de téléphone des membres du corps des Marines, du Département d'Etat, du FBI et de bien d'autres organes.

Les hackers ont affirmé avoir piraté des bases de données gouvernementales. Or, des experts ne pensent pas que l'EI ait la capacité de pénétrer ces bases censées être les plus protégées au monde. Par contre, il est très possible que l'EI ait profité des médias sociaux comme LinkedIn, Twitter ou Facebook.

"Il est tout à fait possible que l'EI ait obtenu les données et les informations publiques des employés du gouvernement américain via des centaines de réseaux sociaux comme LinkedIn, Facebook, Twitter et Youtube", a indiqué à Xinhua Colin Clarke, chercheur en sciences politiques au laboratoire RAND Corporation. "En fait, j'aurais été surpris s'il ne l'avait pas fait", a-t-il ajouté.

A l'évidence, de nombreux membres de l'EI sont des férus de technologie, qui savent dénicher des informations potentiellement utiles sur les réseaux sociaux, tout comme les agences de renseignement américaines le font sans doute également pour collecter des données sur les membres de l'EI et leurs recrues potentielles, selon M. Clarke.

"En cette ère du 'trop d'information', il n'existe plus beaucoup de secrets. C'est vrai dans le monde entier, pas seulement aux Etats-Unis. On affiche tout à la vue de tous", a-t-il ajouté.

De fait, une simple recherche sur LinkedIn, un site du réseau social pour les professionnels, permet de localiser des individus de haut niveau, des patrons d'entreprise jusqu'aux responsables gouvernementaux.

Le général Ray Odierno, chef d'état-major de l'armée de Terre qui vient tout juste de prendre sa retraite, a déclaré mercredi que les déclarations de l'EI affirmant avoir obtenu des informations sur des militaires américains via une cyber-attaque étaient fausses.

En 2015, quelqu'un ayant des connaissances de base et passant beaucoup de temps sur Internet n'aurait pas trop de mal à trouver des informations publiques sur des personnels de l'armée américaine, surtout des informations périmées, a assuré le général Clarke.

Alors pourquoi l'EI prétend-elle disposer d'une équipe de hackers performants? La réponse est simple. Un terroriste est celui qui terrorise, qui instille la peur dans la population pour obtenir des résultats. Rien d'étonnant donc à ce que des radicaux mentent pour parvenir à leurs fins, estiment des experts.

La campagne aérienne menée depuis l'an dernier par les Etats-Unis contre l'Etat islamique a été critiquée par certains comme peu efficace, certains relevant que le tonnage de bombes larguées sur les cibles de l'EI est bien inférieure à celui lors de précédents conflits, notamment le début de la guerre en Irak en 2003.

Pour Washington, le plus grand cauchemar est un attentat majeur sur le sol américain, à l'exemple de celui commis le 11 septembre 2001 par Al-Qa?da. Les Etats-Unis redoutent ainsi que l'EI ne prépare des attentats contre eux à partir de ses bases en Syrie et en Irak.