Depuis des décennies, le programme nucléaire controversé de l'Iran irrite l'Occident. La dernière prolongation de sept mois des négociations entre Téhéran et les puissances mondiales a de nouveau rappelé à la communauté internationale à quel point il était difficile de parvenir à un accord convenable.
Ce report a également montré aux négociateurs qu'il leur manquait le courage nécessaire pour faire des compromis, ce qui serait la seule solution pour sortir de l'impasse du nucléaire.
Malgré le fait que l'Iran et le groupe des P5+1, qui regroupe les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie, la Chine et l'Allemagne, ont échoué deux fois à conclure un accord global avant la date butoir fixée, les parties ont tout de même réalisé des percées et des progrès sur la voie vers une résolution de la question du nucléaire iranien.
En septembre 2013, le président américain Barack Obama et le nouveau président iranien élu Hassan Rohani ont convenu d'accélérer les négociations sur le nucléaire lors d'une conversation téléphonique. Il s'agissait de la première conversation directe entre les dirigeants des deux pays depuis la prise d'otages américains à Téhéran en 1979.
En novembre 2013, l'Iran et le groupe P5+1 sont parvenus à un accord, aux termes duquel Téhéran a accepté de limiter ses activités d'enrichissement d'uranium en échange d'un allègement des sanctions imposées par l'Occident à son encontre.
Pendant des mois, l'Iran a aussi coopéré avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour répondre aux préoccupations de celle-ci sur son programme nucléaire.
A l'avenir, dans le but de parvenir à un accord global sur le nucléaire, les deux parties devront encore faire face à deux défis principaux, dont le premier est leur manque de confiance de longue date.
En réalité, le problème du nucléaire est le produit de plusieurs décennies de méfiance entre l'Iran et les pays occidentaux influencés par les Etats-Unis. Dans le but de maintenir le contr?le de l'Occident sur les ressources pétrolières de l'Iran, les Etats-Unis, avec l'aide du Royaume-Uni, ont fomenté un coup d'Etat et restauré la monarchie du shah Mohammad Reza Pahlavi dans le pays en 1953.
Le shah d'Iran a ensuite été renversé par la Révolution islamique en 1979, date à partir de laquelle Téhéran et Washington se sont retournés l'un contre l'autre, et les relations des deux pays n'ont cessé de se détériorer depuis.
En effet, il est presque impossible pour deux ennemis de mettre de c?té leur ancienne animosité, de regagner leur confiance perdue et de réchauffer des relations envenimées en l'espace de juste quelques mois.
Les prochains mois pourraient être plus périlleux encore, car si les négociateurs ne peuvent réaliser des progrès suffisamment importants dans les négociations qui s'ensuivront, les tenants de la ligne dure en Iran, aux Etats-Unis et en Isra?l s'enhardiront, la méfiance régnera de nouveau et ceux qui souhaitent négocier n'auront plus suffisamment de marge pour faire des compromis.
L'autre défi principal auquel les négociateurs doivent faire face est la recherche d'une solution aux différends importants entre les parties sur l'allégement des sanctions et l'enrichissement d'uranium.
Les pays occidentaux demandent avec insistance une réduction massive de la capacité nucléaire de l'Iran de manière à l'empêcher d'acquérir des matières nucléaires de qualité militaire, mais Téhéran refuse au motif que son programme d'enrichissement d'uranium n'a que des fins civiles. L'Iran souhaite que les sanctions à son égard soient immédiatement levées, tandis que l'Occident veut une levée progressive des sanctions pour éviter un non-respect des engagements par l'Iran.
Si ces grandes divergences ne peuvent être comblées, les négociations décrochées au prix de maints efforts auront peu de chances de se poursuivre et personne n'en bénéficiera.
En cas de rupture des négociations, le gouvernement iranien pourrait faire face à une pression encore plus forte entra?née par de nouvelles sanctions, qui porteraient un coup à son économie dans un contexte de chute des prix du pétrole dans le monde. Il est également possible que le dirigeant suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, cesse de soutenir les négociations.
Si tel était le cas, la politique diplomatique du président américain Barack Obama essuierait un coup majeur et Washington serait obligé de faire face à une situation sécuritaire encore plus complexe au Moyen-Orient, où les troubles et le terrorisme font rage. De plus, l'intégrité du système international de non-prolifération nucléaire serait gravement compromise.
Dans les futures négociations, les négociateurs devront être suffisamment courageux et ouverts pour faire de vrais compromis et renforcer leur confiance. L'Iran doit mieux s'atteler à convaincre le reste du monde de la nature pacifique de son programme nucléaire, tandis que l'Occident doit reconna?tre le droit de l'Iran à l'usage pacifique de l'énergie nucléaire et abandonner les sanctions si Téhéran respecte ses engagements.