La presse fran?aise s'est interrogée mardi sur les effets que la réélection de la candidate du parti conservateur, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Angela Merkel, dimanche dernier, pourrait avoir sur la scène politique fran?aise et, en particulier, sur le gouvernement socialiste au pouvoir depuis mai 2012.
"Les socialistes fran?ais refusent de voir dans le triomphe d' Angela Merkel aux élections allemandes du 22 septembre une cause de difficulté pour eux-mêmes", a constaté le grand quotidien fran?ais Le Monde, soulignant que l'actuelle majorité parlementaire en France a choisi de "faire contre mauvaise fortune bon coeur".
Selon le journal, le gouvernement du président Fran?ois Hollande trouve un motif d'espoir dans la coalition qui est train de prendre forme en Allemagne, avec "la mise à l'écart des libéraux du FDP (Parti libéral-démocrate, ayant fait partie de la précédente coalition de Mme Merkel)" et "la possible entrée du SPD (Parti social-démocrate, gauche)".
Cette réélection triomphale de Mme Merkel pour un troisième mandat à la tête de l'exécutif pourrait être interprétée comme un plébiscite en faveur de sa politique européenne de rigueur budgétaire et de désendettement à marche forcée.
Le gouvernement socialiste fran?ais, qui s'efforce de promouvoir l'adoption de mesures économiques favorables à la croissance au sein de l'Union européenne (UE), se retrouve par conséquent en mauvaise posture.
"Il y a un an (au moment de son élection à la présidence fran?aise en mai 2012), (M. Hollande) était le grand leader européen, désormais, c'est Merkel, et c'est un vrai tournant du quinquennat", a estimé le député PS, Malek Boutih, cité dans l' article du Monde.
Le Premier ministre fran?ais, Jean-Marc Ayrault, a, quant à lui, choisi d'assortir ses félicitations à Mme Merkel d'une invitation à considérer certains problèmes chers à Paris, dans une interview publiée mardi dans le journal régional Sud-Ouest.
Saluant la "belle performance" électorale de la chancelière, M. Ayrault a émis plusieurs questions à son intention : "comment consolider le retour de la croissance en Europe ? Comment éviter toute nouvelle crise financière ?".
Il a notamment évoqué deux mesures importantes à ses yeux, malgré les réticences de Berlin, à savoir l'union bancaire européenne et l'instauration d'un salaire minimum commun à tous les pays membres de l'UE.
Le journal fran?ais de droite Le Figaro a, pour sa part, consacré mardi sa une à "la grande déprime du PS", qu'il attribue au record d'impopularité (avec seulement 23% de taux de satisfaction) atteint par le président Hollande, selon un sondage récent, mais aussi à la nette victoire électorale de Mme Merkel.
"L'Elysée veut croire à une nouvelle donne avec Berlin", a titré le quotidien, consacrant un article à la volonté de rapprochement de M. Hollande, qui n'a pas manqué de rendre la politesse à Mme Merkel, première dirigeante à l'avoir félicité après sa victoire en mai 2012, en l'appelant à son tour dimanche soir.
Selon l'entourage du président, cité par Le Figaro, la relation entre Paris et Berlin s'est stabilisée et le contact entre les dirigeants des deux pays voisins est "bon". De son c?té, le porte- parole diplomatique de l'Elysée, Romain Nadal, a souligné qu'ils partageaient "le même diagnostic" concernant l'UE comme étant un projet "en crise".
"Tout milite pour un new deal entre la France et l'Allemagne", a souligné avec optimisme le député PS Jean-Christophe Cambadélis, selon le journal.