La première destination du secrétaire d'état américain nouvellement nommé, John Kerry, a été une visite dans neuf pays d'Europe et du Moyen-Orient. Certains, dans l'opinion publique, pensent que cette première visite dans la région du Moyen-Orient montre que les états-Unis attachent une grande importance à la région.
Au début de son premier mandat, Barack Obama s'était montré déterminé à améliorer les relations entre les états-Unis et le monde islamique, mais il ne l'a pas fait. Selon une enquête du Centre Pew réalisée en juin 2012, le taux de soutien aux états-Unis dans plusieurs grands pays islamiques est aujourd'hui plus faible qu'en 2008, et que même plus l'aide américaine est importante dans un pays, plus son anti-américanisme est évident, ce qui rend les Américains particulièrement perplexes. Cette insatisfaction pourrait sembler être due à des différences de valeurs, mais en réalité elle est le résultat inévitable à long terme des erreurs de la politique américaine.
La mise en ?uvre par les états-Unis d'une politique hégémonique à long terme au Moyen-Orient a provoqué une réaction négative. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les états-Unis avaient eu à l'origine de bonnes relations avec le monde islamique, mais le fait que les Etats-Unis se sont ensuite ouvertement mis du c?té d'Isra?l a conduit au renforcement du ressentiment anti-américain dans le monde islamique. La fin de la Guerre froide, qui a donné aux états-Unis le statut d'unique superpuissance les a rendu plus téméraires pour agir au Moyen-Orient. Et après le 11 septembre, au nom de la lutte contre le terrorisme, les Etats-Unis ont lancé des guerres en Afghanistan et en Irak, disant vouloir de promouvoir vigoureusement la ? transformation démocratique ? dans ces pays, ce qui a conduit à des troubles au Moyen-Orient.
Cette posture américaine, offensive et agressive, n'a fait que stimuler plus intensément encore le ressentiment anti-américain. Et c'est ainsi que des forces politiques islamiques endormies pendant de nombreuses années ont débarqué sur la scène politique. Au Maroc, en Tunisie, en Egypte et dans d'autres pays, des partis politiques islamiques ont plus ou moins pris le dessus.
Avec le renforcement des forces politiques islamiques, les pays du Moyen-Orient et leurs peuples se sont de plus en plus mis à penser qu'il y avait un problème entre ? Islam et Occident ? ou ? islam et christianisme ?. L'? islamisation ? politique du Moyen-Orient signifie que les états-Unis perdent la capacité de contr?ler la situation dans la région. Le New American Security Center, un groupe de réflexion américain a ainsi constaté dans un rapport que l'époque où des diplomates et officiers de l'armée des états-Unis décidaient, avec des monarques et des généraux de plusieurs pays arabes, des activités américaines au Moyen-Orient était désormais révolue.
Les médias occidentaux, ? diabolisant ? depuis longtemps le monde islamique, ont également leur part de responsabilité. Dans les pays occidentaux, notamment aux Etats-Unis, beaucoup d'?uvres cinématographiques et télévisuelles donnent souvent aux terroristes une apparence musulmane, portant un foulard, et arborant un visage barbu. Ce genre de diabolisation de l'islam et des musulmans a naturellement eu des effets négatifs. Ces dernières années, les états-Unis se sont également souvent livrés à des insultes à l'islam et la communauté musulmane, comme par exemple en se montrant violents avec des cadavres de musulmans tués, ou encore en br?lant des exemplaires du Coran. Au-delà de l'injure manifeste faite à la civilisation islamique, et d'un comportement en apparence personnelle, c'est en réalité une illustration d'un sentiment de supériorité de la civilisation occidentale d'arrogance et de mépris des civilisations non-occidentales, de la part d'une civilisation qui se croit le centre du monde.
Vu la complexité actuelle des relations entre les états-Unis et les pays islamiques du Moyen-Orient, il est peu probable qu'il suffira d'une visite diplomatique de ce genre pour résoudre les problèmes.
(Le Quotidien du Peuple, 26 février 2013, 3e édition)