Les observateurs internationaux, qui ont supervisé les élections législatives de Djibouti le 22 février, ont exhorté dimanche les acteurs politiques de ce petit pays de l'Afrique de l'est à respecter la volonté du peuple et à utiliser les voies légales de recours pour toute contestation éventuelle.
"Estimant que les élections législatives de vendredi dernier a offert au peuple djiboutien l'opportunité d'exprimer librement son opinion", les missions d'observateurs internationaux ont exhorté les acteurs politiques djiboutiens à respecter la volonté du peuple et à utiliser les voies légales de recours pour toute réclamation ou contestation éventuelle", ont indiqué les chefs des missions d'observateurs de l'Union Africaine (UA), de la Ligue Arabe, de l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI) et de l' Autorité Intergouvernementale pour le Développement (IGAD) au cours d'une conférence de presse à Djibouti.
Dans cette déclaration commune, les chefs des quatre missions d' observateurs internationaux ont apporté leur caution aux résultats provisoires annoncés par le ministère djiboutien de l'Intérieur. Ils ont salué "le civisme et la maturité politique des Djiboutiens" et ont surtout mis en exergue le caractère démocratique du scrutin.
Il s'agit là d'une étape cruciale avant la proclamation des résultats définitifs par le Conseil Constitutionnel dans les jours à venir.
Les responsables des qautre missions ont appelé les leaders des partis politiques djiboutiens à "continuer le dialogue en vue de consolider la démocratie et promouvoir l'Etat de droit, la paix et la stabilité".
Pour eur, tous les acteurs politiques djiboutiens ont fait preuve "d'une maturité exceptionnelle durant tout le processus électoral", les félicitant pour "les progrès que constituent ces élections qui s'inscrivent dans le cadre du processus démocratique, de la paix sociale et de la stabilité politique".
A l'issue de la lecture de la déclaration commune, la présidente de la mission des observateurs de l'UA, l'ancienne Première ministre malien, Mme Cissé Mariam Kaidama Sidibé, a déclaré que les opérations de vote se sont déroulées dans la transparence.
"Les citoyens djiboutiens ont pu remplir leurs devoirs civiques dans la transparence la plus totale. Nous n'avons pas observé de fraudes et de bourrages des urnes nous amenons à rejeter les résultats provisoires", a-t-elle fait savoir.
Répondant aux questions des journalistes sur les contestations émises par les leaders de la coalition de l'opposition, l'Union pour le Salut Nationale (USN), et du Centre des Démocrates Unifiés (CDU), Mme Sidibé a indiqué que les résultats annoncés traduisent ce que les observateurs internationaux ont pu observer sur le terrain.
L'USN a déclaré contester les résultats provisoires des élections législatives et appelé ses partisans à manifester lundi prochain.
Pour sa part, le chef de la mission d'observateurs de l'OCI, l' ambassadeur Habib Kaabachi, a déclaré que les opérations de vote ont été l'une des opérations les plus régulières dont il a pu assister durant toute sa carrière. "Il est certain que Djibouti est rentrée dans la bonne voie de la démocratie", a-t-il dit.
Le responsable de la mission des observateurs de la Ligue Arabe, M. Samir Al-Kassir, a rappelé que les observateurs de la Ligue Arabe ont couvert tout le pays.
"Nous avons inspecté plus de 154 bureaux de vote et 54 centres, et assisté aux tris dans 12 centres de vote, et je peux vous dire que tout s'est déroulé dans un climat de transparence et de sérénité", a précisé M. Al-Kassir.
Dans leur déclaration conjointe, les quatre groupes des missions d'observation ont toutefois avancé des recommandations, dont la mise en place d'un organe permanent et indépendant chargé de l'organisation et de la gestion du processus électoral, et l' application effective de la loi sur le quota genre dans l' établissement des listes de candidats.
D'autre part, les observateurs internationaux ont encouragé les acteurs politiques djiboutiens à se hisser aux standards internationaux en matière de parité, la conduite de campagnes nationales adéquates, d'éducation civique et électorale, la révision de l'heure d'ouverture des bureaux de vote, la révision régulière des listes électorales et une meilleure organisation de la distribution des cartes électorales.
Ils ont également évoqué la possibilité d'organiser un scrutin spécial pour les forces de défense et de sécurité avant la date du scrutin et la nécessité de faire participer la société civile et les observateurs nationaux au processus électoral.
Dans le cadre de leurs activités pré-électorale, les 60 observateurs de l'UA, de la Ligue Arabe, de l'OCI et de l'IGAD ont eu des réunions de travail avec les autorités djiboutiennes, les formations politiques en lice, le Conseil Constitutionnel, la Commission électorale Nationale Indépendante (CENI) et avec la coordinatrice résidente du système des Nations Unies à Djibouti.
Le scrutin de 22 février a été historique, car il a permis pour la première fois l'entrée au Parlement de l'opposition djiboutienne suite à la mise en place, le 28 novembre dernier, d' un mode de scrutin de liste majoritaire à un tour, et avec une représentation proportionnelle de 20%. Mais la coalition de l' opposition et les centristes dénoncent des fraudes massives et contestent les résultats provisoires.
Petit pays de la Corne d'Afrique de moins d'un million d' habitants, Djibouti, qui dispose d'un PIB d'1 milliard de dollar US, tire l'essentiel de ses revenus de ses ports et de la location de bases militaires ainsi que de son secteur bancaire.