A l'instar d'autres pays du monde entier, Djibouti a célébré mercredi la journée mondiale contre l'excision, ou les Mutilations génitales Féminines (MGF), à travers des manifestations qui s'étaleront sur une semaine.
Considérées comme un problème de santé publique prioritaire par les organismes internationaux qui oeuvrent très activement dans le but de sensibiliser les gouvernements et les populations des pays concernés, la pratique de l'excision est un fléau aux conséquences douloureuse et bien souvent irréversibles sur la santé et le bien- être des femmes et des filles qui en sont victimes.
A Djibouti, l'excision est interdite par la révision du Code pénal du pays, entrée en vigueur en avril 1995. L'article 333 du Code pénal prévoit également pour les personnes reconnues coupables de ces pratiques, une peine d'emprisonnement de cinq ans et une amende d'un million de francs djibouti.
Cependant, l'excision reste profondément encrée dans la tradition djiboutienne et notamment dans les milieux ruraux, et est généralisée à l'ensemble de la population féminine de Djibouti. Plus de 98% des enfants de sexe féminin agées de 7 à 8 ans et plus (l'age variant selon les régions et les groupes ethniques), subissent de l'excision ou l'infibulation ou bien les deux.
Une importante enquête réalisée par le Comité national de lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes (CNPLTN) a montré que 82% des femmes interrogées (490 femmes entre 15 et 50 ans) ont subi l'excision.
En 2008, le lancement du processus d'accélération de l'abandon de l'excision a été initié à Djibouti à travers la mise en oeuvre du programme conjoint UNFPA/UNICEF qui a permis de former une coalition d'envergure avec l'engagement et la participation exclusive des institutions gouvernementales, des leaders religieux et communautaires pour un abandon total de toutes formes d' excisions. Un programme qui a été parrainé par la Première Dame de Djibouti.
En 2009, l'adoption d'une nouvelle loi à l'Assemblée Nationale permet désormais aux associations oeuvrant dans la lutte contre les MGF de se porter partie civile en lieu et place des victimes n' étant pas en mesure de recourir à la justice.
Conscient que les savants religieux ont un r?le primordial à jouer dans un pays qui reste de confession musulmane à 100%, Djibouti a publié en juin dernier, avec le soutien du FNUAP, son premier guide destiné aux imans et autres prédicateurs de la foi islamique dénon?ant les pratiques néfastes des MGF.
Selon les chiffres du ministère djiboutien de la Promotion de la Femmes, l'ensemble de ces mesures législatives et les actions de sensibilisation entreprises jusqu'à là ont fait reculer le taux de prévalence de 5% qui passe de 98% à 93%. "Les différentes actions ont enregistré des résultats très appréciables dans le changement de comportement social. Mais vu l' ancrage ancestral de la pratique des MGF, il s'avère encore utile de solliciter les concours de toutes parties concernées d'une fa?on plus accrue pour mieux agir sur les pesanteurs socioculturelles persistantes, et atteindre l'objectif fixé. Cet objectif, c'est l'abandon pur et simple de toutes types des MGF, sunna excision, infibulation ou autres sur toute l'étendue du territoire national", a indiqué la vice-présidente de l'Union Nationale des Femmes Djiboutiennes ( UNFD), qui est le porte-drapeau dans la campagne contre l'excision à Djibouti.
Selon l'UNFPA, chaque année, plus de trois millions de femmes et de filles affrontent le risque des mutilations et ablation génitales. La pratique a des graves effets sur la santé, immédiats et à long terme, et constitue une violation manifeste des droits humains fondamentaux.