Quand ils évoquent le chaos en Ukraine, les médias occidentaux mentionnent invariablement le terme de ? guerre froide ?.
? C'est un conflit sanglant avec des relents de guerre froide ? a ainsi écrit le Wall Street Journal pour définir la situation en Ukraine. ? L'Ukraine est-elle le dernier chapitre de la guerre froide ? ?, a de son c?té écrit le Washington Post dans un titre très fort. Comme le mentionne Damon Wilson, du groupe de réflexion américain Atlantic Council, et qui fit aussi partie de l'administration Bush, même si le président américain veut se débarrasser de la mentalité de Guerre froide dans les relations américano-russes, la réalité la fait inévitablement ré-émerger. Un autre groupe de réflexion fran?ais qui utilise lui le concept de ? valeurs qui commandent la géographie ? parle, dans le conflit ukrainien, d'un ? vent de fascisme qui souffle de l'Est vers l'Ouest ? face à un ? vent de démocratie qui souffle de l'Ouest vers l'Est ?.
En cette année qui marque le 25e anniversaire de la chute du mur de Berlin, la chaine de télévision américaine CNN a diffusé un film sur la guerre froide, pour faire revivre l'histoire aux spectateurs. Mais en réalité, l'opinion occidentale a profité du changement de situation en Ukraine pour montrer la Russie du doigt et des Jeux Olympiques d'hiver de Sotchi pour la calomnier, mais aussi reproduire l'histoire passée.
Il n'est pas bien difficile de trouver la raison à cela –les manières de faire et la logique de pensée de certains pays en ce qui concerne la fa?on de considérer le monde ont pris forme pendant la guerre froide. Avec la désintégration de l'Union Soviétique, le monde occidental dirigé par les Etats-Unis a établi une ? domination unipolaire ?, faisant qu'en Occident, certaines personnes ont plongé dans une sorte d'? ivresse de la victoire ?. Cependant, ce sentiment a de nouveau été battu en brèche. En Ukraine, par exemple, les diplomates occidentaux avaient la plus grande peur de ? l'asymétrie des intérêts ?, craignant que l'Ukraine se tourne vers l'Est, conduisant à une situation défavorable ? Tu perds, je gagne ? pour l'Occident. Mais lorsque l'Ukraine a de nouveau semblé se tourner ? unilatéralement ? vers l'Ouest, certaines personnes ont finalement poussé un grand ? ouf ? de soulagement. C'est ainsi que l'éditorialiste du journal britannique Financial Times s'est empressé d'écrire ? L'heure de l'Europe est arrivée ?.
La fa?on dont certains Occidentaux ont ? a c?ur ? l'avenir de l'Ukraine montre également leur ? dureté de c?ur ? à l'égard de la Russie. L'économie politique et la doctrine de sécurité de la guerre froide ont encore une influence sur ce que beaucoup de gens connaissent de notre monde, et en Occident, certaines personnes regardent encore la Russie d'un mauvais ?il. Comme Pepe Escobar, expert mexicain en questions internationales, l'a fait remarquer, la Russie dirigée par Vladimir Poutine est sans aucun doute le plus grand adversaire du projet de ? Grand Moyen-Orient ? de l'Occident. Timothy Colton, professeur à l'Université d'Harvard qualifie ouvertement la Russie de ? démocratie primitive ?. Un article du journal russe Independent estime que la raison la plus importante de l'absurde et grave ? hystérie anti-russe ? actuelle de l'Occident réside dans son esprit : à savoir le fait que la Russie refuse de s'intégrer dans son modèle idéologique actuel indispose l'Occident au plus haut point.
Les subtilités du système actuel des relations internationales résident dans le changement de l'équilibre des pouvoirs entre grand pays, et de l'entrée des règles internationales dans une période d'ajustement. Les pays doivent profiter de l'occasion pour renouveler leur connaissance de l'autre, se débarrasser d'une inertie de pensée d'un autre age, et saisir l'occasion pour ouvrir un nouvel espace de coopération. S'agissant de la chamaillerie actuelle entre l'Occident et la Russie, on ne peut compter que sur le renforcement progressif de la confiance par le biais d'une coopération spécifique pour l'apaiser.
Ce n'est qu'en se débarrassant du carcan de la mentalité de la guerre froide, afin de réduire les confrontations inutiles, que l'on pourra faciliter la transition dans les relations internationales.