La coentreprise Dongfeng Renault Automobile a récemment vu le jour à Wuhan, une ville dans le centre de la Chine. Cette joint-venture, qui va produire des véhicules et des moteurs à usages multiples, a concrétisé les "fian?ailles" vieilles de dix ans entre le constructeur automobile chinois Dongfeng et le groupe fran?ais Renault.
"Pour être efficace en Chine, il faut produire en Chine. C'est le marché le plus important du monde aujourd'hui. Tous les constructeurs automobiles viennent ici. Renault est le dernier", a déclaré samedi le Premier ministre fran?ais Jean-Marc Ayrault, actuellement à Wuhan dans le cadre de sa visite en Chine.
Parmi les dix premiers constructeurs automobiles de la planète, la marque au losange était la seule à n'avoir pas assemblé de véhicules en Chine.
Avec Dongfeng, deuxième constructeur en Chine derrière SAIC avec près de 11,2% du marché de véhicules utilitaires en 2012, le géant fran?ais s'offre ainsi une implantation sur le premier marché mondial.
Avec un investissement total de 7,75 milliards de yuans (1,26 milliard de dollars américains), dont Dongfeng possède 55% des parts pendant la période de transition et en détiendra la moitié après l'augmentation du capital, la joint-venture compte produire annuellement 150.000 véhicules et moteurs à usages multiples.
La production de véhicules propres étant un point fort de Renault, la coentreprise sino-fran?aise pourra en profiter dans la production de véhicules à énergie alternative, comme les voitures électriques ou hybrides.
Pour Wan Jun, chercheur à l'Académie chinoise des Sciences sociales, la création de Dongfeng Renault Automobile constitue une occasion pour Renault d'étendre son rayon d'activités et d'améliorer ses stratégies commerciales en Asie-Pacifique.
Prenant exemple sur Shenlong, coentreprise Dongfeng-PSA ayant réalisé une vente de 500.276 véhicules durant les onze premiers mois de l'année, l'expert a indiqué que la nouvelle alliance Dongfeng-Renault devrait laisser présager un avenir bien prometteur.
Face à la morosité des marchés européen et américain, le constructeur automobile fran?ais a besoin de la Chine pour stimuler ses activités commerciales. "Nous sommes déjà absents des Etats-Unis, le second marché mondial, nous ne pouvons pas être absents du premier", a noté Gilles Normand, directeur général de Renault dans la région Asie-Pacifique.
Renforcer la coopération avec la Chine, tout en établissant la coentreprise avec Dongfeng, aidera l'ex-Régie fran?aise à améliorer ses stratégies dans la région Asie-Pacifique, a-t-il poursuivi.
De l'alliance Renault-Nissan au Japon datant de 1999, à Renault-Samsung en Corée du Sud depuis 2000, en passant par le site de production en Inde établi en 2010, le constructeur Renault cherche à construire graduellement son réseau "triangle d'or" dans la région.
D'après M. Wan, le groupe Renault, conscient de l'importance que présente l'internationalisation pour sa survie, a choisi de s'implanter directement en Chine pour établir le triangle, de manière à renforcer sa présence dans la zone asiatique, qui représente 50% des ventes mondiales.