La chambre des Conseillers du Japon a adopté vendredi soir par un vote de 130 voix contre 82 une loi controversée sur le secret d'état, destinée à éviter la fuite d'informations classifiées, malgré de vives protestations du public et des partis d'opposition.
Cette loi accorde au gouvernement des pouvoirs renforcés pour adopter des sanctions sévères contre toute personne divulguant des informations sensibles, et elle a suscité une vive opposition à la fois dans les milieux politiques et dans le public. Son adoption marque une étape majeure de la campagne du Premier ministre Shinzo Abe pour réformer l'attitude du pays en matière de défense.
Elle prévoit des peines de prison pouvant atteindre 10 ans pour la divulgation de secrets d'état touchant des informations sensibles sur les questions de diplomatie, de défense, de terrorisme ou d'opérations secrètes. Les détracteurs de cette loi pensent qu'elle pourrait amener des politiciens à refuser de révéler au public des informations importantes.
Les principaux partis d'opposition du Japon sont inquiets du fait que cette nouvelle loi accorde au gouvernement trop d' autonomie pour restreindre ou bloquer des informations qu'il juge sensibles, tout en renfor?ant la capacité de Tokyo à partager ses secrets avec ses alliés, comme les états-Unis, sur des questions de diplomatie, de défense et d'implication de l'état dans des activités de contre-espionnage et de lutte anti-terrorisme.
La chambre basse de la Diète nationale du Japon a adopté cette loi la semaine dernière.
Des enquêtes à l'échelle nationale ont montré que plus de 50 % des citoyens Japonais sont opposés à cette loi, tandis qu'à peine plus de 35 % d'entre eux la soutiennent.
Les protestations publiques se sont poursuivies vendredi. La veille, plus de 7 000 manifestants ont défilé devant le batiment de la diète, mobilisés par des groupes de défense des droits civiques, des syndicats et des individus préoccupés. Les manifestations ont débuté mercredi, quand plus de 6 000 opposants à la loi sur le secret ont formé une cha?ne humaine autour du périmètre de la Diète.
La nouvelle loi a également écorné la popularité du Premier ministre japonais Shinzo Abe, dont la cote de popularité a chuté sous le seuil des 50 % pour la première fois depuis son entrée en fonction, selon une enquête nationale publiée mardi.
Cinquante et un pour cent des personnes interrogées pensent que la nouvelle loi nécessite davantage de débat public et parlementaire, tandis que 22 % insistent pour qu'elle soit purement et simplement abrogée, révèle cette enquête menée par le journal Asahi Shimbun.