La crise de la dette en Europe a beaucoup affecté le développement des entreprises européennes. Face au faible bilan commercial en Europe, le géant automobile fran?ais PSA aurait l'intention d'approfondir la coopération avec son partenaire chinois Dongfeng, dans le but d'atténuer ses difficultés financières.
Le quotidien fran?ais Les Echos a évoqué deux options concernant le rapprochement PSA-Dongfeng, dont l'une est "la prise de participation directe de Dongfeng dans PSA dans le cadre d' une augmentation de capital" et l'autre est la création d'"un joint-venture PSA-Dongfeng, qui serait centré sur les pays émergents". Les experts chinois ont des opinions divergents sur les moyens de coopération, mais toutes les personnes interviewées sont d' accord sur l' importance de Dongfeng dans la survie de PSA.
OPINIONS DIVERGENTS SUR DEUX OPTIONS
Les options de nouvelle coopération potentielle ont suscité de nombreuses discussions en France comme en Chine.
Concernant "la prise de participation directe de Dongfeng dans PSA dans le cadre d' une augmentation de capital" , le chercheur de l'Académie du commerce international et de la coopération économique du Ministère chinois du Commerce, Bai Ming, n' est pas très optimistique. Selon lui, malgré tous les avantages possibles qu' offre cette coopération, le groupe Dongfeng doit se méfier des grands risques. M. Bai a expliqué qu' il faut réfléchir aux situations de PSA et "aux charges engendrées par la participation directe dans le capital de PSA, venant par exemple de dettes du groupe fran?ais, de conflits entre l' administration et les salariés, de compensations de personnel licencié, etc. Dongfeng doit peser le pour et le contre avant de prendre une décision".
Le site d'actualités chinois Wangyi a publié un article d'un expert qui s' est montré prudent face à cette option. Selon lui, considérant le développement du marché chinois, sauver une marque en péril peut être difficile pour le marché chinois. "PSA, qui attend de l' aide, est un bourbier, les sauveteurs risquent d' être compromis".
Toutes ces inquiétudes pourraient être confirmées par les médias fran?ais. "General Motors pourrait voir d' un mauvais ?il l' arrivée d' un deuxième actionnaire industriel de référence. Le groupe américain pourrait alors user d' une clause de son accord avec PSA, lui permettant de renoncer à ses engagements si un autre partenaire prend plus de 10 % du capital. De plus, la capitalisation boursière de Peugeot, même si elle est remontée, reste encore trop faible pour lever une somme suffisante d' argent", a rapporté Les Echos.
Quant à la création d' un joint-venture PSA-Dongfeng, l'expert automobile de l' Agence de presse Xinhua, Nan Chen, trouve cette option peu attirante pour le géant chinois Dongfeng. Selon lui, Dongfeng est intéressé par les moyens le menant vers le marché international de PSA et par une coopération plus profonde permettant au groupe chinois de promouvoir sa capacité de développement indépendant et de faciliter son accès à la propriété intellectuelle, qui exigent une participation directe dans PSA par une augmentation de capital.
Face aux opinions divergents en Chine, la directrice du Département des études sur le marché international de l'Académie du commerce international et de la coopération économique du Ministère chinois du Commerce, Zhao Yumin, a souligné que le groupe devait traiter de fa?on complète ce rapprochement potentiel. D' une part, elle a indiqué que la participation directe par une augmentation de capital d' une compagnie chinoise dans un groupe industriel multinational n' était pas un phénomène très commun en Chine. Il pourrait être une opportunité si le groupe Dongfeng a l' ambition de se développer tout en profitant des canaux des ventes, des techniques et de l' influence sur le marché de PSA. D' autre part, Mme Zhao a révélé, en prenant en considération le projet d'une zone franche à Shanghai, où la Chine pourrait pour la première fois autoriser la libre conversion de sa monnaie, et les nouvelles politiques commerciales chinoises qui favoriseraient l' exploitation des propres marques des joint-venture, que la création d' un nouveau joint-venture PSA-Dongfeng pourrait peut-être avoir un futur prometteur.
L'adjoint au directeur général du groupe Dongfeng, Cai Wei, cité par le site Internet chinois sina.com, a pour sa part déclaré que le groupe Dongfeng suivait toujours de près les développements des compagnies automobiles mondiales et examinait les opportunités de coopération avec des partenaires potentiels. M. Cai a déclaré qu'il n' y avait à présent "aucun commentaire" concernant la participation directe de Dongfeng dans PSA.
DONGFENG : PROFONDES REFLEXIONS EXIGEES
Selon Les Echos, "PSA doit impérativement accélérer sur l' international, et Dongfeng est la piste la plus crédible pour cela" . M. Nan a expliqué qu' une des lacunes de PSA au niveau international était sa dépendance commerciale du marché européen et sa stratégie hésitante sur le marché chinois. "Le groupe a déjà manqué la période d' or de développement, qui a duré dix ans en Chine, et jusqu' à maintenant, il hésite encore à prendre de mesures stratégiques dans le marché chinois qui ne correspondent pas toujours à la situation."
Selon Mme Zhao et M. Bai, la prise de décision de Dongfeng exige de profondes réflexions. Selon les analyses de M. Bai, les circonstances commerciales ont changé par rapport à il y a une dizaine d' années où les compagnies internationales jouaient un r?le pivot dans la coopération. "Cela change les méthodes de coopération".
"Actuellement, les Occidentaux sont sous pression en raison de la crise de la dette européenne, ils veulent trouver des opportunités de survie et de développement, alors que les compagnies chinoises, face à la réduction du marché intérieur, cherchent des moyens les menant vers le marché international", a-t-il souligné.
Dans ces circonstances, "le groupe doit prendre en considération la situation qui lui convient le mieux".