Dernière mise à jour à 08h49 le 30/09
Le conseiller d'Etat et ministre des Affaires étrangères de Chine Wang Yi a eu mercredi une conversation téléphonique avec les ministres des Affaires étrangères de Malaisie et de Brunei.
Au cours de l'entretien, les ministres ont échangé des points de vue sur le nouveau partenariat de sécurité conclu entre l'Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, connu sous le nom d'AUKUS, ainsi que sur la décision de ces pays de coopérer pour construire des sous-marins nucléaires. Ils ont exprimé de vives préoccupations à ce sujet durant leur discussion.
M. Wang a déclaré que la création du partenariat AUKUS était préjudiciable à la région à cinq égards.
Premièrement, elle entra?ne des risques de prolifération nucléaire.
Selon le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), les Etats non dotés d'armes nucléaires ne peuvent utiliser l'énergie nucléaire que de manière pacifique, encadrée et contr?lée.
Les sous-marins nucléaires peuvent cependant être utilisés à des fins militaires. Ils sont en outre alimentés avec de l'uranium hautement enrichi, qui peut être directement utilisé pour fabriquer des armes nucléaires, alors même que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) est incapable d'exercer une surveillance efficace et opportune sur les sous-marins.
Les Etats-Unis, tout en imposant unilatéralement des sanctions aux pays développant des technologies d'enrichissement de l'uranium, ont donné leur feu vert à l'Australie dans ce domaine, ce qui entra?nera inévitablement un risques de prolifération des technologies et des matières nucléaires, et affectera l'ensemble du système mondial de non-prolifération.
Deuxièmement, cette décision risque également de provoquer une nouvelle course aux armements.
Les sous-marins nucléaires constituent en effet des forces stratégiques capables de transporter des armes nucléaires. La décision de l'Australie brise l'équilibre stratégique de la région, bafoue le Traité pour une zone exempte d'armes nucléaires dans le Pacifique Sud - que l'Australie a pourtant signé - et constitue une réelle menace pour les autres pays de la région.
On ne pouvait exclure que d'autres pays suivent le mouvement, et se lancent à leur tour dans une nouvelle course aux armements qui pourrait aller jusqu'aux armes nucléaires.
Troisièmement, cette décision compromet la prospérité et la stabilité régionales.
Grace aux efforts conjoints que la Chine et l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) déploient depuis de nombreuses années, la région est devenue la zone la plus dynamique au monde, se développant plus rapidement que n'importe quelle autre. Cette situation est le fruit d'un dur travail, et elle doit être chérie.
Mais le partenariat AUKUS créera certainement des tensions, faisant planer une ombre sur la paix, la stabilité et le développement de la région.
Quatrièmement, ce partenariat sabote la construction d'une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est.
Le Traité pour une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est reflète la volonté commune des peuples de l'Asie du Sud-Est, une volonté qui doit être comprise et respectée par les autres pays.
Parmi les cinq pays dotés d'armes nucléaires dans le monde, la Chine a été le premier pays à se déclarer prêt à adhérer à ce traité et à signer un protocole à cet effet.
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont quant à eux choisi de ne pas participer au traité. A la place, ils ont transféré des technologies nucléaires de niveau militaire dans la région sous divers prétextes, et ont fourni de l'uranium hautement enrichie à certaines parties, allant à l'encontre des efforts déployés par les pays de l'ASEAN pour construire une zone exempte d'armes nucléaires.
Cinquièmement, cette décision ne manquera pas de raviver une mentalité héritée de la guerre froide.
Le partenariat AUKUS, conformément aux objectifs du Quad, est au service de la stratégie indo-pacifique dirigée par les Etats-Unis. Il cherche à renverser le statu quo actuel pour repartir de zéro, dans le but de provoquer des rivalités entre les blocs de la région et d'inaugurer un nouveau jeu géopolitique à somme nulle.
Ce partenariat va à contre-courant de l'air du temps, et constitue un renouveau de la mentalité héritée de la guerre froide. En tant que tel, il devrait susciter la vigilance et l'opposition de tous les pays de la région et de la communauté internationale.