Les astronautes de la station spatiale chinoise Tiangong ont réussi leurs premières sorties extravéhiculaires (EVAs) le 4 juillet. Dans une interview récemment accordée à Xinhua, un ancien astronaute de l'Agence spatiale européenne a qualifié l'évènement d'"étape importante".

"Je suis impressionné par les exploits de l'Administration nationale de l'espace de la Chine et de ses dirigeants, ingénieurs et astronautes dans les premières étapes de l'assemblage de cette nouvelle station spatiale en orbite terreste", a dit Claude Nicollier, le premier Suisse à s'aventurer dans l'espace et professeur honoraire à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Vêtus de combinaisons spatiales de nouvelle génération Feitian fabriquées en Chine, les astronautes chinois Liu Boming et Tang Hongbo sont sortis pour la première fois de la station spatiale le 4 juillet dans l'espace, avec pour arrière-plan une vue imprenable de la Terre.

Pour M. Nicollier, "la sortie dans l'espace est une activité exigeante, d'un point de vue technique et opérationnel, et le succès de cette sortie dans l'espace, la première depuis 2008 des astronautes chinois, est un exploit crucial en vue du futur assemblage de ce laboratoire en orbite".

Se souvenant de ses quatre vols spatiaux réalisés entre 1992 et 1999, M. Nicollier a affirmé que les deux visites qu'il a rendues au télescope spatial Hubble en mission de maintenance lui avaient laissé les souvenirs "les plus vifs et les plus positifs".

Qualifiant l'expérience d'un "privilège", M. Nicollier a exprimé sa "profonde satisfaction" pour avoir aidé à maintenir Hubble en bon état de fonctionnement, qu'il juge crucial pour les connaissances de l'homme en astronomie.

Pour l'astronaute suisse, l'aspect le plus intéressant de la station spatiale Tiangong est son futur télescope spatial Xuntian, qui sera mis en orbite terrestre et au c?té de Tiangong et qui fournira des données d'observation pour les études astronomiques et physiques.

"Je crois comprendre qu'il y a un objectif d'installer un télescope orbital de classe Hubble à proximité de la station spatiale Tiangong afin d'effectuer des travaux scientifiques de première classe, et que ce télescope sera périodiquement entretenu, voire réparé si nécessaire, depuis la station spatiale. La conception est très intelligente car la station spatiale donnera un accès relativement aisé à ce télescope en cas de maintenance. J'aimerais faire partie de ce programme en qualité d'astronaute et d'ancien astrophysicien", a-t-il dit.

Considérant l'espace comme un bien commun de l'humanité, la Chine collabore étroitement avec les pays européens depuis le lancement de ses programmes de vols spatiaux habités dans les années 1990.

Pour l'astronaute suisse, la collaboration entre plusieurs pays dans tout projet technique et scientifique de grande envergure est toujours positive. "J'attends avec impatience de voir plus de collaboration sino-européenne dans l'espace, et je suis persuadé que cela se produira et s'intensifiera ! " a-t-il dit.

Selon M. Nicollier, l'intelligence artificielle est une technologie-clé dans la coopération internationale spatiale de nouvelle génération. "Je pense qu'une fonctionnalité qui pourrait être largement utilisée à bord de la station Tiangong est l'intelligence artificielle. Les activités scientifiques dans l'espace sont complexes et la maintenance de la station peut être très laborieuse et demande beaucoup de temps à l'équipage. Il est donc préférable de laisser une grande partie de ces taches aux robots intelligents et d'utiliser les capacités humaines seulement là où elles sont vraiment nécessaires", a-t-il expliqué.

S'appuyant sur son expérience personnelle des sorties dans l'espace, M. Nicollier a transmis un message personnel aux astronautes chinois en mission : "Je souhaite aux trois astronautes chinois à bord de la station Tiangong une bonne continuation dans leur mission, et je les félicite de leurs exploits ! "