Dernière mise à jour à 09h50 le 23/03
En tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, la Chine et la France partagent une responsabilité commune dans la gestion multilatérale des crises internationales, estime dans un entretien à Xinhua l'ancien Premier ministre fran?ais Dominique de Villepin, à quelques jours de la visite d'Etat en France du président chinois Xi Jinping.
Les deux pays "peuvent être aux avant-postes de ce combat. Mais cela suppose une vision et une volonté d'action", souligne-t-il en les appelant à "ranimer l'esprit de la COP 21, en faisant aboutir le Pacte mondial pour l'environnement" et à "prendre les devants d'une réforme ambitieuse et pragmatique de l'Organisation mondiale du commerce".
Interrogé par Xinhua sur le développement de l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR) lancée par la Chine, celui qui était aussi le chef de la diplomatie fran?aise plaide en faveur d'une "approche transversale, à la fois politique, économique et culturelle de la nouvelle Route de la soie".
Il préconise la création d'un "cadre de concertation plus efficace et régulier entre la Chine et l'Union européenne afin de lever les malentendus et de fixer des priorités le long de la nouvelle Route de la soie".
"(Le président fran?ais Emmanuel) Macron l'a dit : nous sommes parfaitement ouverts à ce projet dans une logique gagnant-gagnant. D'ailleurs, la participation de la France et de nombreux pays européens au capital de l'AIIB (Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures) témoigne d'un soutien réel à cette initiative", selon lui.
"Aujourd'hui, l'enjeu pour la Chine et la France est de construire une coopération équilibrée, en jouant sur leurs complémentarités (...) Mais la coopération doit aller plus loin : elle est possible dans la sphère politique où nos deux pays peuvent agir de concert, notamment au travers de résolutions conjointes à l'ONU, pour le règlement pacifique des crises", estime Dominique de Villepin.
"A cet égard, la nouvelle Route de la soie apporte une réponse concrète aux impératifs de croissance, de développement et de dialogue entre les peuples et les Etats. La France et la Chine pourraient mettre en ?uvre des initiatives exemplaires dans les secteurs énergétiques ou portuaires", a poursuivi l'ancien ministre des Affaires étrangères.
Sur le concept de "communauté de destin pour l'humanité", l'ancien diplomate fran?ais qui se rend régulièrement en Chine relève qu'il "se fonde d'abord sur des principes d'harmonie et d'équilibre qui sont au c?ur de la diplomatie et de la politique chinoises". "Pour autant, je crois que cette notion prend à la fois une signification et une ampleur nouvelles à l'heure d'une société mondialisée où les interdépendances ne cessent de s'accro?tre entre Etats, entre peuples et entre civilisations", relève-t-il.
"La volonté de servir cette communauté de destin épouse la volonté de servir le bien commun mondial en assumant ses responsabilités aux c?tés de tous les Etats qui composent la communauté internationale. Ma conviction, c'est que nous pouvons communier dans l'espérance et la volonté d'un avenir meilleur pour les générations futures. Mais cela nous impose d'agir sans délai, collectivement, en regardant en face les défis qui nous attendent", lance-t-il.
Par Claudine Girod-Boos