Dernière mise à jour à 08h21 le 18/03
Dans un entretien récemment accordé à Xinhua, l'ancien directeur général de l'OMC Pascal Lamy, devenu président du Conseil d'orientation du Forum de Paris sur la Paix, déclare que "la Chine est un acteur majeur de la gouvernance mondiale".
Face aux menaces qui pèsent sur le multilatéralisme, "la coopération franco-chinoise doit s'inscrire dans le cadre des relations euro-chinoises" afin de promouvoir la paix mondiale, estime le haut fonctionnaire et homme politique fran?ais.
"Promouvoir la paix mondiale est une question encore plus importante aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a encore quelques années parce que le monde est un peu plus chamboulé, un peu plus turbulent, voire même un peu plus chaotique, même si cette expression est un peu forte", constate Pascal Lamy qui préside le Conseil d'orientation du Forum de Paris sur la Paix dont la seconde édition se tiendra en novembre prochain.
L'ex directeur général de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), que Xinhua a interrogé cette semaine à Paris, en marge d'une conférence de presse pour le lancement d'un appel à projet pour le Forum, salue le r?le joué par la Chine lors de la première édition de cette manifestation lancée en 2018 à l'initiative du président de la République fran?aise Emmanuel Macron.
"La Chine est un acteur majeur de la gouvernance mondiale", déclare Pascal Lamy. "Ce qui est désormais attendu par ses partenaires, notamment de la part des Européens, c'est que la Chine fasse des propositions", précise-t-il.
"Les banques de développement régional sont un exemple en la matière. Il en faut d'autres pour que la Chine nous signifie quelles sont ses propres idées pour l'amélioration d'un système dont nous reconnaissons volontiers qu'il a encore beaucoup de progrès à faire, encore une fois, à un moment où c'est nécessaire", déclare l'ex-commissaire européen chargé du commerce (1999-2004).
Dans le cadre du Forum de Paris sur la paix, "dédié à promouvoir des solutions à un certain nombre d'enjeux globaux (environnement, éducation, culture, commerce, cybersécurité) dans des domaines de la gouvernance internationale, soit traditionnels, soit nouveaux", "nous souhaitons que la Chine parvienne à diversifier sa participation, via des universités (sciences sociales, économiques, sciences dures), des multinationales notamment...", poursuit-il.
"La France et la Chine considèrent toutes deux que beaucoup de difficultés auxquelles nous devons faire face trouvent leurs solutions dans la coopération internationale et le multilatéralisme, et non dans le nationalisme", relève l'ancien directeur général de l'OMC.
L'objectif du Forum de Paris vise à "augmenter le multilatéralisme, les sujets qui entrent dans son cadre, ainsi que les acteurs du multilatéralisme pour sortir du monopole des Etats nationaux et des diplomates dans la conduite des affaires internationales en associant des acteurs qui ne sont pas forcément étatiques (villes, régions), des ONG, des organisations syndicales, des grandes institutions académiques, des entreprises...", plaide Pascal Lamy.
"C'est le principe du forum, c'est une innovation dans une approche globale car on sort un peu du classicisme des relations entre Etats", conclut-il.
La deuxième édition du Forum de Paris sur la Paix se tiendra du 11 au 13 novembre prochain. Lors d'un briefing presse organisé à Paris, les organisateurs ont "appelé les organisations internationales, les organisations non-gouvernementales, les Etats, les entreprises, les fondations, les agences de développement, les groupes religieux, les think tanks et les universités du monde à porter leur projet, qui est à un stade avancé de sa conception ou bien à la phase initiale de sa mise en ?uvre".
Les projets seront examinés par un Comité de sélection composé de dix membres issus de différentes organisations et choisis en raison de la pertinence de leur expérience et de leur expertise, indique un communiqué de presse.