Il y a environ deux mille ans, des commer?ants et des caravanes ont commencé à se déplacer vers l'est et l'ouest le long de la Route de la soie, échangeant marchandises, philosophies et technologies. Aujourd'hui, une Route de la soie moderne, ravivant le commerce, attirant l'investissement et partageant la prospérité, est en train de se former.

L'initiative "la Ceinture et la Route", proposée en 2013 par le président chinois, Xi Jinping, a pris de l'élan ces quatre dernières années. Elle est devenue un réseau transnational reliant l'Asie à l'Europe et à l'Afrique, promouvant le développement commun parmi tous les pays impliqués.

Le premier Forum de "la Ceinture et la Route" pour la coopération internationale se tient les 14 et 15 mai à Beijing, avec la participation de 29 chefs d'Etat et de gouvernement.

"Un grand nombre de projets ont progressé dans le cadre de l'initiative. Des points ont été reliés pour former une grande image", explique Xiang Junyong, chercheur à l'Université Renmin de Chine, qui suit l'avancée de l'initiative.

"La structure principale d'une Route de la soie moderne a pris forme grace à de meilleurs liens entre les villes le long des routes, aux zones d'échanges commerciaux, aux couloirs économiques internationaux et à l'amélioration des ports", note M. Xiang.

Plus de 100 pays et organisations internationales soutiennent cette initiative, dont au moins 40 ont signé des accords avec la Chine.

Selon le ministère chinois du Commerce, entre 2014 et 2016, la Chine a investi plus de 50 milliards de dollars dans les pays concernés.

Cinquante-six zones de coopération économique et commerciale ont été établies par les entreprises chinoises dans les pays impliqués dans "la Ceinture et la Route", générant près de 1,1 milliard de dollars de recettes fiscales et créant 180.000 emplois locaux.

NOUVELLE VITALITE

"La nouvelle Route de la soie n'est en aucun cas un chemin privé pour la Chine. Elle constitue à l'inverse une grande avenue pour la prospérité de nombreuses nations", explique Fang Aiqing, vice-ministre du Commerce.

Alors que l'économie mondiale est confrontée à une faible croissance et à une demande en berne dans un contexte de fluctuations financières omniprésentes, l'initiative "la Ceinture et la Route", qui vise la croissance et le rééquilibrage de l'économie mondiale, est une solution souhaitable, estime-t-il.

"La plupart des pays le long de 'la Ceinture et la Route' sont en développement et espèrent de meilleures performance économiques et une intégration économique régionale", ajoute M. Fang.

Cette initiative chinoise se conjugue aux stratégies de développement individuelles de différents pays, tels que l'Australie, le Cambodge, le Kazakhstan, la Pologne, la Turquie et le Vietnam. Des chemins de fer, des ports, des oléoducs et d'autres infrastructures ont été construits. Des échanges culturels, éducatifs, touristiques et archéologiques sont en cours.

Le Parc industriel sino-tha?landais de Rayong, situé à 200 km de Bangkok, est l'une des zones économiques les plus florissantes. Il compte environ 90 entreprises et représente plus de 20.000 emplois pour les habitants locaux.

"Nous apportons des technologies de pointe aux utilisateurs locaux", déclare Wang Jianyi, directeur de la Futong Group Co., Ltd, l'un des principaux fabricants de fibre optique.

Aujourd'hui, quelque 4.200 vols directs relient chaque semaine la Chine aux pays le long de "la Ceinture et la Route". Les procédures ferroviaires de traversée des frontières ont été simplifiées, et 39 lignes de fret sino-européennes sont actuellement exploitées.

Les trains de fret Chine-Europe transportent des marchandises comme des ordinateurs portables, des objets en céramique et des équipements pour le forage pétrolier vers l'Europe et rapportent des aliments, du vin et du lait en poudre pour bébé.

De plus en plus de sociétés chinoises et étrangères acheminent leurs marchandises à travers le réseau ferroviaire depuis des villes chinoises comme Chengdu et Chongqing.

"La connectivité des transports est la base de l'initiative 'la Ceinture et la Route'", souligne Wu Chungeng, porte-parole du ministère des Transports.

La Chine a signé plus de 130 accords de transports bilatéraux et régionaux, note-t-il.

ANCIENNE SAGESSE REEXAMINEE

Il y a environ 1.300 ans, des milliers de commer?ants se sont réunis dans les marchés de l'est et de l'ouest de Xi'an. Ces marchés étaient célèbres le long de l'ancienne Route de la soie.

"Des gens y apportaient de la soie et du thé et transportaient ces marchandises vers l'ouest, au Moyen-Orient et en Europe. Les caravanes rapportaient du poivre et des clous de girofle", indique Wang Bin, conservateur du Musée du marché de l'ouest de la dynastie Tang (618-907).

"Quand le marché prospérait, les habitants connaissaient l'abondance et jouissaient d'une bonne vie. Le marché de l'ouest a vécu 320 ans avant de dépérir à la fin de la dynastie Tang", note-t-il.

Dans le cadre de l'initiative, les services ferroviaires de Xi'an s'étendent, et une zone de libre-échange a été créée.

"L'ancienne Route de la soie a transformé des relais et de petites oasis en grandes villes et a permis des échanges entre les plus grandes civilisations du monde", indique He Lifeng, directeur adjoint de la Commission nationale du développement et de la réforme.

"Souvenons-nous qu'à l'apogée de cette ancienne route, la Chine était une nation plut?t ouverte. A travers l'initiative 'la Ceinture et la Route', la Chine vise une plus grande ouverture et une prospérité commune", ajoute-t-il.

"L'histoire peut être silencieuse, mais elle ne dispara?t jamais. Il est temps de nous rappeler des expériences du passé pour fa?onner l'avenir", déclare M. He.

Selon lui, ces dernières années, la reprise économique mondiale s'est avérée difficile et incertaine. Le commerce et les investissements internationaux progressent lentement, et la mondialisation est confrontée à d'immenses défis.

"Face aux défis, nous devons puiser dans la sagesse de nos ancêtres et prendre des mesures pour sortir de l'impasse",souligne-t-il.