Le rapport de l'ONU sur les attaques chimiques du 21 ao?t en Syrie a confirmé l'usage d'armes chimiques contre des civils en banlieue de Damas, sans désigner les responsables.
La crise en Syrie a divisé la planète. D'un c?té, la Russie a accusé l'opposition syrienne d'être responsable de la mort des civils, et la Chine, l'Iran, l'Egypte, l'Iraq, le Liban et la Jordanie se sont opposés d'une seule voix à toute intervention extérieure. De l'autre, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Turquie, Isra?l, l'Arabie Saoudite et le Qatar estimaient qu'une intervention militaire extérieure était nécessaire pour mettre fin à la violence qui ravage le pays. Mais ce projet d'attaques militaires contre le régime de Bachar Al-Assad a été gelé avec la signature de l'accord russo-américain sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien.
A propos de la signature de l'accord par les Etats-Unis, l'ex-ambassadeur chinois en Iran, Hua Liming, pense que la Maison Blanche n'avait pas l'intention de déclencher des attaques de grande échelle en Syrie et a profité de l'occasion fournie par la proposition russe pour sortir de son dilemme, tandis que le chef adjoint de l'Institut des études sur la Russie, l'Europe orientale et l'Asie centrale de l'Académie chinoise des sciences sociales Li Yongquan juge que les Etats-Unis n'avaient pas d'autre choix que d'accepter cette proposition russe.
Le r?le de la Russie dans l'apaisement de la situation est "très important", selon M. Li, même s'il estime que l'accord ne peut pas véritablement mettre un terme à la crise des armes chimiques en Syrie. "Puisque le président américain a présenté sa proposition de procéder à des attaques militaires, il est peu probable que Washington la retire", a-t-il analysé.
Quant au démantèlement de l'arsenal chimique syrien, M. Hua le considère très difficile, car, selon lui, la localisation et la destruction de l'arsenal nécessitent de grands efforts en termes de financements et de main d'oeuvre, sans parler du fait que l'arsenal syrien est l'un des plus grands de la région.
"Il faudrait une dizaine d'années" pour y parvenir, selon Li Yongquan, qui pense qu'il est probable que le démantèlement exige l'ouverture des installations militaires syriennes, un point jugé inacceptable pour la Syrie. "Cela pourrait susciter des conflits", a-t-il estimé.
Pourquoi les pays occidentaux plaident-t-ils pour une intervention militaire contre la Syrie ? Quels sont leurs intérêts ? Sur ces questions, les experts chinois sont divisés. Selon M. Li, l'objectif des Etats-Unis est de soutenir l'opposition syrienne et de renverser le gouvernement de Bachar al-Assad, tandis que le chercheur sur l'Asie de l'Ouest et sur l'Afrique de l'Académie chinoise des sciences sociales, Yin Gang, estime pour sa part que les pays occidentaux veulent défendre les valeurs humanistes et la convention de 1993 interdisant l'usage des armes chimiques.
D'après le professeur de l'Institut de relations internationales de l'Université du Peuple de Chine Shi Yinhong, la sévérité des attitudes occidentales à l'égard de la Syrie s'explique principalement par le fait que les attaques chimiques ont franchi la fameuse "ligne rouge" évoquée par le président américain Barack Obama concernant l'usage des armes chimiques. Selon M. Shi, quel que soit l'enjeu, personne n'a le droit de contourner l'ONU dans le règlement de la crise syrienne.
En outre, les réactions fran?aises tout au long de la crise syrienne méritent également de se pencher dessus. Selon M. Yin, la France se sent plus touchée par une crise impliquant la Syrie que d'autres pays car il s'agit d'une ancienne colonie fran?aise.
Cependant, M. Hua estime pour sa part que les appels lancés par le président fran?ais pour des sanctions contre le gouvernement Assad avaient pour but de faire remonter sa cote de popularité en berne à cause de ses échecs en matière de politique intérieure.
Quant au r?le de la Chine, M. Li pense que la Chine a adopté une position très claire en privilégiant une solution pacifique et en s'opposant au renversement d'un gouvernement légitime.
Selon M. Hua, la le?on à tirer de la crise en Syrie est le fait que le "printemps arabe" ne peut pas offrir de voie convenable aux problèmes des pays arabes. Les troubles en Syrie et en Egypte devraient mettre fin au mouvement, a-t-il estimé.