Le Premier ministre chinois Li Keqiang est arrivé samedi en Allemagne après avoir achevé une visite fructueuse en Suisse d'une portée considérable.
Lors de son séjour dans le pays alpin qu'il avait déjà visité en 2010 en tant que vice-Premier ministre, M. Li a rencontré des dirigeants politiques et des chefs d'entreprise, et a signé une série d'accords importants.
UN CALENDRIER BIEN REMPLI QUI A PORTE SES FRUITS
La conclusion des négociations sur un accord de libre-échange (ALE) entre la Chine et la Suisse, garanti par un protocole d'entente, est l'un des événements marquants de la visite de M. Li en Suisse et a attiré l'attention des médias et du grand public.
Le ministre du Commerce chinois Gao Hucheng a déclaré que la "conclusion des négociations de libre-échange est un événement historique pour la coopération économique et commerciale bilatérale".
M. Gao, qui a signé le protocole d'entente avec le ministre suisse de l'Economie Johann Schneider-Ammann, a déclaré qu'il s'agissait d'une avancée importante pour la Chine qui vise à accélérer l'application de sa stratégie de libre-échange.
S'il se concrétise, il s'agirait de l'un des accords les plus complets et du plus haut niveau que la Chine ait signés avec un pays étranger au cours de ces dernières années, a souligné le ministre.
De leur c?té, les médias suisses l'ont décrit comme l'un des accords internationaux les plus importants depuis 40 ans pour la Suisse.
La visite de M. Li a également contribué à promouvoir la coopération financière bilatérale. A Berne, M. Li et le président suisse Ueli Maurer ont assisté à la signature d'un accord sur l'établissement d'un mécanisme de dialogue financier entre les deux pays.
M. Maurer a indiqué que la Suisse était honorée de devenir le premier pays d'Europe continentale à établir une zone de libre-échange et un mécanisme de dialogue financier avec la Chine.
Les deux pays ont par ailleurs signé divers accords de coopération, notamment en matière de ressources humaines et d'éducation.
M. Li a souligné samedi l'importance de l'innovation et a appelé au renforcement de la coopération technologique entre les entreprises des deux pays lors d'une visite à la Maison d'Einstein à Berne, la résidence d'Albert Einstein de 1903 à 1905 convertie en musée.
Le gouvernement chinois, a-t-il noté, a pris une série de mesures pour promouvoir l'innovation technologique et accueille à bras ouverts les investissements des compagnies suisses et européennes.
M. Li a visité vendredi l'exploitation de la famille Lienhard à Embrach, près de Zurich, où il a re?u un accueil chaleureux et traditionnel de la population locale.
Il a affirmé que les deux pays pourraient renforcer davantage leurs échanges et leur coopération, mais aussi révéler leur potentiel pour favoriser le développement durable de l'agriculture.
UNE RELATION BILATERALE APPROFONDIE FAVORABLE AUX RELATIONS CHINE-UE
La situation géographique de la Suisse, en plein coeur de l'Europe, est un facteur clé. Pour la Chine, l'impact de sa coopération avec la Suisse va bien au-delà des deux nations.
L'ALE profitera non seulement aux deux pays, a noté M. Li, mais fera également la promotion des échanges commerciaux entre la Chine et l'UE et de la libéralisation du commerce mondial.
Dans un article publié jeudi par la "Neue Züricher Zeitung" (NZZ, journal germanophone suisse), le Premier ministre chinois a indiqué qu'un ALE entre la Chine et la Suisse donnerait un bon exemple pour le reste du monde.
"Il améliorera non seulement notre coopération en matière de commerce et d'investissements, mais enverra également un signal fort pour faire savoir au reste du monde que nous rejetons le protectionnisme en matière de commerce et d'investissements et que nous aspirons au contraire à la libéralisation et la facilitation des échanges commerciaux", peut-on lire dans l'article en question.
C'est peut-être la raison pour laquelle M. Li a choisi la Suisse pour réaffirmer le fait que la Chine est fermement opposée aux mesures protectionnistes récemment prises par l'UE à l'encontre des produits photovolta?ques et équipements de télécommunications mobiles chinois.
Ces mesures n'auront pas seulement un impact négatif pour les secteurs industriels, entreprises et emplois concernés en Chine : elles léseront également les utilisateurs et consommateurs européens, a souligné M. Li.
La Chine propose toujours de résoudre les différends commerciaux par le dialogue et la discussion, et espère que l'UE pourra gérer ces deux affaires au mieux, dans le but de préserver les intérêts des relations économiques et commerciales sino-européennes et les principes du libre-échange, a ajouté M. Li.
Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du Forum économique mondial, a décrit la visite de M. Li en Suisse comme "un signe positif au bon moment".