Dernière mise à jour à 10h33 le 15/06
Etienne Giros, président du Conseil européen des affaires pour l'Afrique et la Méditerranée (EBCAM), a estimé jeudi à Lomé qu'il fallait "dérisquer" l'Afrique, comparant la "frilosité" des Européens à investir en Afrique face à la vigueur des entrepreneurs chinois et africains.
"Il faut dérisquer l'Afrique. L'Afrique n'est pas plus risquée que les autres continents", a-t-il déclaré lors d'une table ronde sur le thème "Développement soutenu, inclusif, durable et équilibré du Togo" dans le cadre du premier forum économique Togo-Union européenne qui s'est ouvert jeudi à Lomé pour deux jours.
S'exprimant aux c?tés de Carlos Lopes, ancien secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) et du milliardaire nigérian Aliko Dangote, PDG du groupe Dangote, il a ajouté : "On peut dire que certains pensent que les entrepreneurs européens font preuve d'une frilosité pour investir en Afrique. Et on nous cite toujours la vigueur des entreprises chinoises ou même des entrepreneurs africains eux-mêmes".
M. Giros a expliqué cette frilosité par le manque, notamment, d'un climat d'affaires positif et favorable, de stabilité fiscale avec une taxation égale pour tous, de justice à même de régler les conflits commerciaux et d'infrastructures. Il a aussi cité l'envergure des marchés africains qui, pris pays par pays, "sont de taille relativement modeste", indiquant que la solution restait l'intégration régionale.
Dans ce contexte, celui qui est par ailleurs président délégué du Conseil fran?ais des investisseurs en Afrique (CIAN) a indiqué qu'"il faut sortir de la dualité terrible pour les investisseurs de comparer la taille des marchés avec la perception risque".
Soutenant que l'Afrique devait s'industrialiser pour mettre à profit ses matières premières, pour relever les défis de l'emploi et la croissance, le président de l'EBCAM s'est demandé "quelle malédiction obligerait l'Afrique à laisser l'industrialisation à d'autres secteurs du monde".
Peu avant, dans son discours d'ouverture du forum, le président togolais Faure Gnassingbé a déclaré : "Nous avons souvent le sentiment que, s'agissant de nos pays, la perception du risque dépasse la réalité".
Aussi a-t-il saisi cette opportunité pour appeler les partenaires à une "véritable réflexion dans le sens d'une meilleure compréhension" des contextes locaux en Afrique.
Sous le thème "Batir des relations économiques durables et pérennes entre le Togo et l'UE ", le premier forum économique Togo-UE a regroupé environ 400 participants, dont 300 investisseurs des 28 Etats membres de l'Union européenne et du Togo.
Quelque 150 "projets fiables et bankables" sont soumis pour financement à l'occasion de ce premier rendez-vous économique, selon Kodjo Adedze, le ministre togolais du Commerce, de l'Industrie, du Développement du secteur privé et de la Promotion de la consommation locale.