Dernière mise à jour à 08h35 le 13/01
Mamadou Badio Camara, le président de la Cour suprême, la plus haute juridiction sénégalaise, a dénoncé, mardi les critiques "parfois outrageantes et le plus souvent injustes" contre la justice sénégalaise.
M. Camara s'exprimait devant le président sénégalais Macky Sall à l'occasion de l'audience solennelle de rentrée des cours et tribunaux.
"Des forces obscures tentent de s'attaquer à des institutions, à les discréditer et tentent de les déstabiliser comme pour remettre en cause les fondements de l'Etat de droit et la paix sociale si chère à notre pays. Elles cherchent aussi à opposer les institutions les unes aux autres", a affirmé le président de la Cour suprême.
Selon lui, le nombre "d'attaques personnelles dirigées contre des magistrats devient préoccupant en particulier lorsqu'elles émanent d'auxiliaires de justice", faisant allusion aux relations heurtées depuis quelques semaines entre avocats et magistrats.
Pour M. Camara, le système de protection pénale des institutions doit être revu pour être adapté aux nouvelles formes d'agression utilisant parfois la presse, comme "armes de destruction massive".
Pour sa part, le batonnier de l'Ordre des avocats du Sénégal, Ameth Ba, a estimé que la justice sénégalaise a "des problèmes et devrait faire l'objet d'une remise en question et d'une nouvelle prise de conscience pour améliorer son état actuel peu reluisant".
Me Ba a énuméré les maux de la justice sénégalaise : "lenteurs administratives, impunité, complexité des procédures, défaillances des enquêtes de police judiciaire, instructions d'affaires laborieuses, surpeuplement carcéral, insuffisance de l'assistance judicaire, corruption ...".
Il a interpelé le président Sall sur la nécessité de faire un "diagnostic approfondi, partagé et une large concertation pour faire face aux mutations de la justice".
De son c?té, le président sénégalais a réaffirmé son engagement à poursuivre les réformes en vue de renforcer l'Etat de droit et l'amélioration qualitative du fonctionnement de la justice.
Le président Sall a rappelé que "l'approfondissement de l'Etat de droit est le sens et l'objectif de la révision constitutionnelle" qu'il envisage de mettre en place cette année.