Les animateurs de la campagne électorale pour l'élection présidentielle prévue le 17 avril prochain en Algérie n'ont pas réussi à attirer grand monde lors des meetings et conférences qu'ils ont animés à travers le territoire national.
Une semaine est passée depuis le coup d'envoi de la campagne donné le 23 mars sans que les cinq candidats et les représentants du président sortant Abdelaziz Bouteflika ne puissent mobiliser les foules en les drainant dans les salles et espaces réservés pour la circonstance pour leur faire écouter leurs discours et étaler leurs programmes.
Pour tenter d'expliquer le désintéressement de la population vis-à-vis de ce rendez-vous pourtant important, Xinhua s'est rapproché de certains citoyens.
Parmi eux, il y avait Mounir. Cet un homme agé de 33 ans est convaincu que les expériences précédentes ont montré que le vote n'apporte pas le changement espéré. "J'ai voté une seule fois lors des élections législatives de 2007, et il s'est avéré que le vote a été entaché par de la fraude. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de ne pas voter à nouveau".
Par contre, Faiza, une enseignante de 55 ans, dit que les personnes qui appellent au boycott des élections sont manipulées et visent à semer le désordre en Algérie "dans le cadre de ce que l'on nomme le Printemps arabe". "J'ai toujours voté, et je vais le faire cette fois-ci encore pour le bien de l'Algérie. Je veux la stabilité pour mon pays", dit-elle, ajoutant: "Ceux qui appellent au boycott et à la tenue des manifestations sont manipulés, et je les invite à regarder d'autres pays ravagés par les conséquences du Printemps arabe".
Pour cette échéance électorale, six candidats, dont le président sortant Abdelaziz Bouteflika et un de ses anciens chefs du gouvernement Ali Benflis (ao?t 2000 - mai 2003) sont entrés en campagne électorale qui se poursuivra jusqu'au 13 avril. Ils tenteront de convaincre les 23 millions d'électeurs de voter pour eux.
Outre MM. Bouteflika et Benflis, les quatre autres candidats à la magistrature suprême du pays sont la Secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT) Louisa Hanoune, le président du Front national algérien (FNA) Moussa Touati, le chef du parti AHD 54, Ali Fawzi Rebaine, et le leader du Front El Moustakbel (FM), Abdelaziz Belaid.
La seule femme en lice, Mme Hanoune ainsi que MM. Rebaine et Touati vont se présenter pour la troisième fois successive à l'élection présidentielle. Tous les trois avaient comme rival M. Bouteflika qui veut briguer un quatrième mandat. Concernant M. Benflis, que les observateurs qualifient de sérieux adversaire pour M. Bouteflika, il s'est déjà porté candidat à la présidentielle de 2004 et avait été accrédité de 6,42 % des voix.
Abdelaziz Belaid, 52 ans, est le plus jeune candidat. Il a commencé sa carrière politique comme adhérant au Front de libération nationale (FLN, parti au pouvoir), avant de passer par l'organisation des étudiants de l'Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA). Il est également ancien député.
A propos du président Bouteflika, il n'a tenu aucun meeting pour faire campagne, et ce en raison de ses problèmes de santé. Cependant, il a confié cette mission à un staff composé d'actuels et d'anciens hauts responsables de l'Etat et de chefs des partis au pouvoir, dont l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal (directeur de campagne), Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem également anciens chefs du gouvernement et récemment nommés ministres d'Etat. MM. Amar Ghoul et Amara Benyounes, tous deux chefs de partis politiques et respectivement ministres des Transports et de l'Industrie.
Sur le terrain et notamment à Alger, le camp du candidat Bouteflika est plus actif comparativement aux cinq autres candidats. Les affiches du président-candidat sont accrochées partout. Ses partisans sillonnent par voitures les rues de la capitale et annoncent leur présence par des feux d'artifice qu'ils allument de nuit.
Par contre, les adversaires de M. Bouteflika affirment que les moyens publics sont "illégalement" utilisés en faveur du président-candidat.