Le Conseil national du parti de l'Istiqlal (PI) a voté, samedi à Rabat, la décision du retrait du parti du gouvernement marocain, a-t-on appris auprès des responsables du parti, principal allié des islamistes du parti de la justice et du développement (PJD).
Cette décision du PI, qui détient plusieurs portefeuilles ministériels dont ceux de l'Education, des Affaires étrangères, de l' artisanat et de l'Economie, ouvre la voie à des élections législatives anticipées ou à un simple remaniement du gouvernement.
Dans un communiqué rendu public juste après la réunion du conseil national, le parti de l' Istiqlal a indiqué qu'avant de prendre cette décision, il a "épuisé toutes les possibilités de mise en garde et de conseil et s'est acquitté de tous ses engagements envers ses alliés et envers la conjoncture délicate que traverse le pays (...) de ses engagements envers les instances législatives et au sein du gouvernement".
"A contrario, le gouvernement a eu recours à des décisions et mesures qui ont eu un impact négatif sur le pouvoir d'achat des citoyens, paralysé le dialogue social avec les partenaires économiques, et fait régner le populisme, le chaos, l'improvisation, l'intimidation et l'appréhension, ce qui a grandement contribué à conduire le pays vers un avenir pour le moins incertain", indique le texte.
La décision du PI intervient quelques jours après la publication d' un communiqué incendiaire de la jeunesse istiqlalienne, à l' issue de la réunion de son bureau exécutif, réuni mercredi 8 mai 2013, à Rabat.
Dans ce communiqué, la jeunesse istiqlalienne considère que quitter le gouvernement dirigé par le PJD est une urgence. La jeunesse istiqlalienne considère que le Parti de la balance (symbole de l' PI) est victime d' une campagne insidieuse visant sa crédibilité et sa direction, menée contre lui par le gouvernement, plus particulièrement le PJD.
Ainsi, plus de 160 membres du conseil national du parti de la balance ont signé une pétition appelant le parti à sortir du gouvernement. La pétition a été signée en coordination avec la direction de la jeunesse istiqlalienne, du syndicat de l'UGTM (Union générale des travailleurs du Maroc), des deux groupes parlementaires et des autres structures parallèles du parti.
La date du retrait ne devrait pas être connue avant plusieurs jours. Pour que cette décision prenne effet, elle doit être entérinée par le comité exécutif du parti qui se réunit prochainement.
Réagissant à la décision du PI, le député du PJD, Abdelaziz Aftati a qualifié d'"excellente" l'initiative du parti de la Balance qui permettra de faire la différence entre les positions des personnes, allusion faite aux sorties médiatiques de Hamid Chabat et celles des institutions du parti, tout en prévoyant la tenue d'élections législatives anticipées. Pour sa part, Abdellah Bouanou, président du groupe PJD à la Chambre des représentants (1ère chambre du parlement marocain), a indiqué que cette décision aura certes des répercussions sur le gouvernement et sur la majorité gouvernementale actuelle, formée à l'issue des élections du 25 novembre 2011.
Dans une déclaration à l' agence de presse marocaine MAP, M. Bouanou a souligné que toutes les possibilités sont inscrites dans la Constitution, ajoutant que le secrétariat général du PJD se réunira pour examiner cette décision et que le Conseil national du parti pourrait tenir une réunion afin de prendre la décision adéquate à ce sujet.
Depuis son élection en septembre à la tête du parti historique de l'indépendance, le Secrétaire général du PI, Hamid Chabat, maire de Fès (centre), a multiplié les sorties médiatiques contre le gouvernement d'Abdelilah Benkirane, l'accusant notamment de mauvaise gestion.
Depuis le 1er mai, un autre épisode est enclenché. Hamid Chabat dans son discours devant les milliers de sympathisants UGTM, le syndicat qu' il dirigeait jusqu' à peu, et dont il est toujours statutairement le secrétaire général, a accusé des ministres de venir au Parlement en étant souls.