Les syndicats du secteur de la santé du Niger, face au semblant de désintéressement affiché par le gouvernement, suite à leur grève d'avertissement de 48 heurs de la semaine passée, n'entendent pas désarmer et décident de maintenir le cap, au grand dam de la population qui trouve de plus en plus de difficultés à accéder aux soins dans les formations sanitaires.
En effet, après une première grève observée les 8 et 9 mai, les pharmaciens, les chirurgiens, les dentistes, les infirmiers et les autres auxiliaires de la santé du Niger, envisagent de repartir pour un nouvel arrêt de travail, cette fois-ci, de trois jours, avec service minimum, sur l'ensemble du territoire national, à partir du 15 mai, à l'appel de leurs syndicats respectifs.
"Les centres de santé intégrés (CSI) et les maternités seront fermés ; sauf les h?pitaux nationaux et régionaux, vont fonctionner avec un service minimum", selon le Secrétaire général du syndicat unique des agents de la santé (SUSAS), M. Boubacar Baoubaoua.
Le motif de ces débrayages des agents de la santé qui se corsent de plus en plus, exiger du gouvernement la régularisation de leurs ristournes à 35%, sans délai, avec effet rétroactif, et protester contre l'arrestation de plusieurs de leurs camarades soup?onnés de détournements de deniers publics.
Le gouvernement, rappelle-t-on, avait décidé de diminuer drastiquement, de 35% à 5%, le taux des ristournes versés au personnel sur l'ensemble des prestations des formations sanitaires, en dépit du protocole d'accord intervenu entre les deux parties sous la médiation de l'Assemblée nationale.
Plusieurs agents de la santé ont été, par la suite, arrêtés et incarcérés à la maison d'arrêt de Kollo (35 km, sud Niamey), et sommés de rembourser le "trop per?u", après une inspection d'Etat diligentée au niveau des différents services de santé en janvier 2012, sur instruction du gouvernement.
Par ailleurs, une vingtaine d'agents de la santé sont en prison depuis plus de deux mois pour d'autres affaires liées à des détournements.
Les deux jours de grève d'avertissement observée par les agents de santé du pays, au cours de laquelle tous les centres de soins ainsi que les maternités sont restés fermés, laissant les patients dans le grand désarroi, ont laissé de marbre les autorités notamment sanitaires ; ce qui a été certainement mal accepté par les syndicats du secteur, qui ont décidé de passer cette fois-ci à un cap supérieur, condamnant la population à trois jours de manque de soins.
Devant cette détérioration continue de la situation, les acteurs de la société civile nigérienne interpellent les autorités à négocier avec les syndicats des agents de santé, pour un retour à la sérénité, au grand bonheur de tous.
"L'Assemblée nationale a pris une loi en 2001 fixant le taux des ristournes à 35%, le ministre des finances de l'époque a agi au nom de l'Etat, le gouvernement actuel doit s'assumer", estime M. Nassirou Seydou, président de l'association "la Voix des Sans Voix ".
"Nous ne pouvons pas comprendre ce silence coupable du gouvernement qui tire vers l'usure pendant que la population est entrain de souffrir ; on ne peut pas jouer avec des vies humaines", a-t-il martelé.
Pour le secrétaire général du syndicat des pharmaciens, médecins et chirurgiens dentistes (Synphamed), M. Madadji Oumarou, "l'Assemblée nationale est la mieux indiquée pour résoudre cette crise, comme elle l'avait en 2001 sur la même question".