Suite aux violents affrontements observés depuis lundi entre forces de l'ordre et militants de l'opposition qui contestent les résultats des élections législatives du 22 février, le ministre djiboutien de l' Intérieur Hassan Darar Houfaneh a lancé mardi un appel au calme à la population qui a été retransmis par la télévision nationale.
"J'exhorte les Djiboutiens à se désolidariser des appels à la violence et aux messages de haine qui affluent sans discontinuer du camp de l'opposition depuis l'annonce des résultats des élections législatives de vendredi dernier", a-t-il dit.
"Si l'opposition conteste les résultats des élections législatives, elle a pleinement le droit de s'adresser aux autorités compétentes et de défendre devant elles la légitimé de ses revendications", a-t-il ajouté.
Cependant, M. Hassans Farah Darar a souligné que "l'Etat ne tolérera point les atteintes à répétition contre l'ordre public orchestrées derrière de prétendues manifestations qui ne sont en réalité qu'une vaste campagne de manipulation des jeunes et qui cachent mal une volonté délibérée d'attenter à la stabilité du pays".
"J'invite les protestataires à ne pas prendre en otage les étudiants et à entraver le fonctionnement et la bonne marche des établissements scolaires", a-t-il prévenu.
D'autre part, le ministre djiboutien de l'Intérieur a émis une sévère mise en garde à l'encontre des fauteurs de trouble contre lesquels il a promis de "sévir dans le souci de tenir en échec leurs agissements peu démocratiques et de les traduire en justice afin qu'ils répondent de leurs actes".
"Les fauteurs de troubles et les perturbateurs de l'ordre public seront tenus responsables de tout acte de violence susceptible de porter atteinte à la s?reté du pays. Et toutes les personnes appréhendées par la police seront déférées devant la justice pour répondre leurs méfaits", a-t-il martelé.
"J'invite encore l'opposition à respecter la volonté du peuple et à recourir aux voies légales de contestation. Je tiens également à appeler tout un chacun à appuyer les efforts du gouvernement visant à promouvoir la paix, l'unité et la stabilité", a-t-il conclu.
La coalition de l'opposition, l'Union pour le Salut National ( USN), qui regroupe trois formations politiques, a rejeté catégoriquement les résultats provisoires des élections législatives de vendredi dernier qui ont été annoncés par le ministère de l'Intérieur et donnant une majorité écrasante de 80% sur les 65 sièges du parlement à l'alliance au pouvoir, l'Union pour la majorité présidentielle (UMP).
"Nous rejetons vigoureusement ce hold-up électoral caractérisé", avait déclaré le président de l'opposition, Ahmed Youssouf Houmed, quelques heures seulement après la publication des ces résultats provisoires.
En effet, l'opposition djiboutiennne qui a mis fin à une décennie de boycotte dénonce des fraudes massives et des bourrages des urnes lors du déroulement de ce scrutin.
Dimanche dernier, la déclaration commune des observateurs internationaux qui ont "salué le caractère démocratique et la transparence des élections" n'ont pas changé la position des leaders de l'opposition, rejoints dans la contestation des résultats par les centristes du Centre des Démocrates Unifiés (CDU) .
Depuis lundi, la capitale djiboutienne est en proie à des foyers de protestations dans plusieurs quartiers de la capitale qui ont conduit à des affrontements entre les forces de l'ordre et les sympathisants de la plateforme de l'opposition, l'Union pour le Salut National, faisant plusieurs blessés civils.
Avec une introduction historique d'une dose de 20% de proportionnelle, les élections législatives de vendredi dernier ont permis pour la première fois à l'opposition djiboutienne d' entrer dans le parlement de ce pays.
Petit Etat de la Corne d'Afrique indépendant depuis 1977, qui compte moins d'un million d'habitants, Djibouti bénéficie d'une position stratégique qui lui vaut d'accueillir les plus importantes bases militaires fran?aises et américaine en Afrique.