Deux affaires impliquant la fuite de secrets militaires, rapportés il y a moins d'une semaine, ont exposé les défis de la gestion de telles informations dans l'ère d'Internet se développant à une vitesse incroyable, selon les spécialistes de la sécurité.
Le public chinois doit être conscient du risque croissant de communication en ligne, a déclaré Pei Zhiyong, un spécialiste de la sécurité réseau chez Qihoo 360, l'une des plus grandes entreprises chinoises de technologie.
La facilité d'accès aux réseaux à haut débit pourrait permettre la libération intentionnelle ou non d'informations clés, y compris les données politiques, militaires et financières, a souligné Pei.
?Toute divulgation en ligne endommagera la sécurité d'une nation. Plus l'Internet se développe et plus il sera difficile de garder des secrets? a-t-il insisté, ajoutant que la plupart des fuites des information les plus sensibles se produisent maintenant sur le Net.
Jeudi, la police de Beijing a arrêté une femme nommée Gao Yu pour avoir livré des secrets d' Etat à des contacts à l'étranger.Il y a trois jours, dans la province du Guangdong, un homme surnommé Li, a été reconnu coupable de libérer des secrets militaires sur la toile.
Gao, 70 ans, une résident de Beijing et ancienne journaliste, est soup?onnée d' avoir illégalement obtenu un document du gouvernement central hautement confidentielle et d'avoir transmis ces éléments sur un site étranger en juin 2013. Le document a ensuite été largement diffusé sur plusieurs internationaux, d'après un communiqué des autorités.
Gao a avoué l'acquisition d'une copie du document par d'autres personnes avant de faire une version numérique et de l'envoyer aux gestionnaires du site étranger. Elle avait déjà été condamnée à six ans de prison en 1993 pour avoir divulgué des données top secrètes à des institutions d'outre-mer.
Lundi, le ministère provincial de la sécurité d'Etat du Guangdong a confirmé qu'un certain Li avait aidé un espion étranger se faisant appeler ?Frère Fei ? afin de recueillir des secrets militaires. Li a récemment été condamné à dix ans de prison pour avoir volé des informations militaires.
L'homme aurait transmis des données à l'espion via Internet après avoir visité les installations militaires dans la province du sud, ajoutant que plus de 70% des cas impliquant le vol de secrets d'Etat a entra?né la publication de l'information en ligne.
Pour Pei, l'expert en sécurité, certaines entreprises ont mis en place des mesures techniques pour faire face à la divulgation sur le Net, comme la vérification des e-mails des salariés et la construction de bases de données en ligne pour filtrer les informations commerciales majeures.
Mais en précisant que cela permettra seulement de réduire les fuites involontaires.
Peu d'employés savent ce que sont vraiment les secrets d'affaires et les règles qu'ils doivent respecter, même si le personnel signe généralement un accord de confidentialité ou re?oit une formation pour les sensibiliser sur les dangers de ces fuites, a indiqué Pei.
Gong Fangbin, chercheur à l'Académie des sciences militaires de l'Armée de Libération du Peuple (APL), a fait remarquer que de nombreux amateurs militaires par passion, suivaient de près le développement de la technologie de défense du pays et des progrès réalisés par l'APL, augmentant le risque de révéler des données classifiées.
?Il est bon que plus de personnes montrent un intérêt pour la sécurité nationale et l'évolution des armées, mais parfois de bonnes intentions se traduiront par de mauvaises conséquences?, a-t-il expliqué.
?Certains internautes ont inconsciemment livrés des secrets de défense par leur curiosité et le désir faire part de ce qu'ils savent?.
Quelques passionnés, inspirés par les rapports des médias sur les armements de l'APL, ont visité des instituts de recherche et des installations de production et pris des photos du matériel pour les partager en ligne.
Un initié de l'un des principaux entrepreneurs de la défense en Chine, qui n'a pas souhaité dévoiler son identité, a noté que ces fuites inconscientes étaient répandues sur de nombreux forums en ligne qui suivent les affaires militaires et que des informations très sensibles ont été largement diffusées sur la toile.
?Pratiquement tous les forums chinois en ligne couvrant les affaires militaires ont des règlements qui interdisent aux membres de discuter des technologies de défense sensibles et du développement de la recherche des dernières armes, mais le plus souvent ces règles sont ignorées?.
Cependant, pour Wu Ming'an, professeur de droit à l'Université de science politique et de droit de Chine, il est nécessaire de mentionner le secret des renseignements et d'indiquer le niveau de confidentialité.