Dernière mise à jour à 08h59 le 28/11
Les ministres fran?ais et russe des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian et Sergue? Lavrov, se sont rencontrés mardi à Paris pour une réunion de travail dans le cadre du dialogue de Trianon qui vise à renforcer les relations bilatérales entre les deux pays.
MM. Le Drian et Lavrov ont donné mardi une conférence de presse conjointe à Paris avant d'aller présider ensemble à Versailles le conseil de coordination du dialogue de Trianon, créé en juin 2017 à l'initiative des Présidents fran?ais et russe pour renforcer les relations bilatérales.
M. Le Drian a salué "un dialogue qui se veut à la fois pragmatique, franc et tourné vers des résultats". Il a rappelé que le chef de l'Etat fran?ais Emmanuel Macron s'est rendu en Russie trois fois cette année et que le Président russe Vladimir Poutine s'est déplacé à Paris, le 11 novembre dernier, pour participer aux commémorations du centenaire de la fin de la première guerre mondiale.
Après l'incident survenu dimanche entre les marines russe et ukrainienne dans le détroit de Kertch, en mer Noire, et au lendemain de l'instauration de la loi martiale pour une durée de 30 jours dans certaines zones d'Ukraine, le chef de la diplomatie fran?aise a renouvelé son appel à la désescalade.
"La forte remilitarisation de la zone ne peut conduire qu'à aggraver les tensions et à favoriser des incidents graves tels que celui de dimanche", a-t-il déclaré.
"La France en appelle aux parties pour qu'elles favorisent un apaisement de la situation et que chacun fasse preuve de retenue. Nous souhaitons en particulier qu'une initiative russe puisse permettre d'apaiser cette tension", a-t-il ajouté avant de demander la libération des marins et navires ukrainiens capturés dimanche par la marine russe.
Le ministre fran?ais a précisé qu'il téléphonerait à son homologue ukrainien, Pavlo Klimkine, "pour l'encourager à rechercher la désescalade". M. Le Drian a aussi évoqué la nécessité de "faire aboutir les accords de Minsk". Il a également indiqué son intention de se rendre à Moscou ou à Saint-Pétersbourg début 2019.
M. Lavrov a de son c?té qualifié ses discussions avec son homologue fran?ais de "très constructives". "La France est un de nos partenaires internationaux clés", a-t-il dit, soulignant la "tendance positive du développement et des échanges économiques, en hausse d'environ 20% cette année".
Revenant sur l'incident dans le détroit de Kertch, M. Lavrov a jugé qu'"il est clair que cet incident a été délibérément provoqué". "Si l'Ukraine et ses partenaires européens sont intéressés à éviter de tels incidents, ceux qui ont des contacts étroits avec les autorités ukrainiennes doivent envoyer un signal puissant à Kiev pour qu'il s'abstienne de provocations", a-t-il dit.
Il n'a pas jugé nécessaire l'implication de l'Allemagne qui a proposé lundi une médiation.
"S'il y a des questions techniques que l'Ukraine voudrait poser, on pourrait en discuter au niveau des dirigeants des gardes-frontières des deux pays", a-t-il estimé.
La Russie est très préoccupée par "les ingérences" et "atteintes portées aux droits des minorités en Ukraine" et déplore le "déploiement d'armements dans la région de Lougansk", a d'autre part indiqué M. Lavrov.
Il a également dénoncé "une nouvelle tentative de noircir l'image de la Russie" sur le terrain médiatique et une "tentative de modéliser la communication à l'international".
Le ministre russe a en outre réaffirmé l'intérêt de Moscou pour une nouvelle approche de la sécurité à l'échelle du continent européen. "Nous avons confirmé que nous étions intéressés, comme le Président Poutine l'a récemment déclaré, par les idées sur une nouvelle approche de l'architecture européenne de sécurité, y compris celles qui ont été avancées par le Président Macron", a-t-il dit.
Au sujet du dossier syrien, M. Lavrov a déclaré: "La Russie et d'autres pays sont garants du processus d'Astana et nous achevons ce travail de constitution d'un comité national constitutionnel en lien avec le gouvernement syrien".
Concernant l'accord sur le nucléaire iranien, le chef de la diplomatie russe a affirmé que Paris et Moscou sont sur la même ligne. "Nous sommes pour que les autres membres de ce plan, y compris l'Iran, la tro?ka européenne (Allemagne, Royaume-Uni et France, ndlr), la Russie et la Chine, maintiennent leurs engagements sur le document important et élaborent des mesures qui ne permettront pas de l'enterrer en raison du retrait unilatéral des états-Unis et des menaces qu'ils profèrent à l'encontre des pays qui auront des liens économiques avec l'Iran", a-t-il dit.