Dernière mise à jour à 10h11 le 10/06
Le référendum longtemps attendu et particulièrement controversé de la Catalogne sur son indépendance de l'Espagne aura finalement lieu le 1er octobre, a annoncé vendredi le gouvernement régional, déclenchant une nouvelle confrontation politique et judiciaire avec Madrid. Le Président catalan, Carles Puigdemont, a déclaré que, lors du référendum unilatéral, les électeurs seraient invités à se poser la question : ? Voulez-vous que la Catalogne soit un pays indépendant sous la forme d'une république ? ?. L'administration pro-indépendance de M. Puigdemont insiste sur le fait que la riche région du Nord-est de l'Espagne possède un droit politique, économique et culturel à l'autodétermination.
Mais le gouvernement espagnol est implacablement opposé à la sécession, en faisant valoir qu'il s'agit d'une violation de la Constitution et a promis d'utiliser tous les moyens possibles pour empêcher le référendum de se tenir. L'ex-Premier ministre espagnol, Soraya Sáenz de Santamaría, a rejeté l'annonce, le qualifiant d’une menace vide, en disant : ? Ils peuvent annoncer un référendum autant de fois qu'ils le souhaitent et le remettre autant de semaines qu'ils veulent et organiser autant de manifestations qu'ils voudront. Mais le référendum n'aura pas lieu ?. Plus de 80% des participants ont opté pour l'indépendance dans un vote symbolique tenu il y a trois ans -bien que seulement 2,3 millions des 5,4 millions d'électeurs admissibles de la Catalogne y aient participé.
Mais, pour le référendum prévu en octobre, le gouvernement catalan insiste sur le fait que les résultats seront juridiquement contraignants. Dans un discours prononcé à Madrid le mois dernier, M. Puigdemont a déclaré que son gouvernement avait un engagement ? démocratiquement inviolable ? envers le référendum et a accusé Mariano Rajoy, Premier ministre espagnol, de ne rien faire de ? sérieux, sincère ou réel ? pour résoudre le problème. La Cour constitutionnelle espagnole avait statué que le référendum précédent était illégal cinq jours avant sa date prévue du 9 novembre 2014, mais le Président catalan d'alors, Artur Mas, et d'autres avaient maintenu le vote, aidé par plus de 40 000 volontaires qui avaient ouvert des écoles et installé des bureaux de vote. En mars de cette année, M. Mas a été reconnu coupable d'avoir désobéi à la décision de la Cour constitutionnelle et déclaré inéligible à ses fonctions publiques pendant deux ans.
De son c?té, M. Puigdemont a déclaré qu'il était prêt à faire face aux conséquences de son défi à la cour. ? C'est une entreprise profondément sérieuse et profondément démocratique ?, a-t-il déclaré au Guardian l'année dernière. ? Je ne pouvais pas désobéir à la volonté du parlement catalan ?. Le gouvernement espagnol, cependant, est convaincu qu'il peut empêcher le référendum de se produire. En plus des tribunaux, il a le pouvoir d'invoquer l'article 155 de la Constitution, ce qui lui permettrait de prendre des mesures drastiques pour empêcher le vote en suspendant l'autonomie régionale. Pareille initiative pourrait voir Madrid ordonner la fermeture des écoles dans la région pour les empêcher d'être utilisées comme bureaux de vote et même de prendre le contr?le de la police catalane. La semaine dernière, la Commission de Venise -un groupe d'experts qui conseillent le Conseil de l'Europe sur le droit constitutionnel- a écrit à M. Puigdemont, lui disant que le référendum devrait être effectué ? en accord avec les autorités espagnoles ... et en pleine conformité avec la Constitution et la législation applicable ?.
Bien que le mouvement séparatiste ait acquis un énorme élan au cours des dernières années, les résultats de tout vote quel qu'il soit sont susceptibles d'être très serrés. Selon un sondage mené à la fin du mois de mars, 48,5% des Catalans s'opposaient en effet à la sécession d'avec l'Espagne, tandis que 44,3% la soutenaient. Le camp de l'indépendance semble néanmoins gagner du terrain : un autre sondage, fait en décembre de l'année dernière, a révélé que 46,8% des Catalans étaient contre l'indépendance, contre 45,3% en faveur. Dimanche, l'ancien entra?neur du club de football de Barcelone, le très respecté Pep Guardiola, lira un manifeste en faveur du référendum lors d'un rassemblement dans la ville. Il a déclaré à Radio Catalunya que la région avait l'opportunité de décider de son propre avenir, ajoutant : ? Nous demandons simplement aux gens de voter pour une vie meilleure ?.