Dernière mise à jour à 08h22 le 05/11
La chute spectaculaire de la pauvreté au cours des deux dernières décennies est une bonne nouvelle pour le monde actuel. Pour la première fois, le pourcentage des personnes vivant sous le seuil de pauvreté (aujourd’hui moins de 1,90 dollar par jour) devrait tomber cette année au-dessous de 10%, soit 9,6% de la population mondiale. La croissance économique sans précédent, en particulier en Chine, a permis à des centaines de millions de personnes de sortir de la pauvreté.
Mais pour effectivement mettre fin à l'extrême pauvreté avant 2030, qui est l'objectif du groupe de la Banque mondiale et de nos 188 pays membres, nos aspirations doivent être plus élevées. Il reste encore de nombreuses décisions complexes à prendre avant d’être la génération qui verra la fin de l'extrême pauvreté.
La question que nous posons aujourd'hui est de savoir comment aider les pays en développement à progresser face au ralentissement de la croissance économique, de la fin de la circulation des matières premières, de la hausse d’un taux d'intérêt stagnant et de la fuite des capitaux des marchés émergents. Pour les pays à revenu intermédiaire en Asie de l'Est et du Pacifique, le défi de cette situation défavorable est de soutenir une croissance rapide, d’améliorer les services sociaux et de protéger les plus vulnérables.
Notre stratégie, se reposant sur une expérience de plus de 50 ans, est de mettre en avant, une croissance économique profitant à tous, et qui doit être comprise.
L’investissement dans le secteur de la santé et de l'éducation est crucial. Surtout, au niveau des enfants malnutris et mal éduqués ne profitent pas de leur plein potentiel et des pays, à leur tour, en de?à de leurs ambitions économiques et sociales.
Nous devons veiller à ce que tous les moyens de sécurité soient mis en oeuvre pour empêcher le risque de retomber dans la pauvreté, en raison d’une mauvaise santé, de chocs économiques et/ou de catastrophes naturelles.
Pour stimuler la croissance, le moindre dollar des dépenses publiques devrait être examiné. Tout doit être fait pour améliorer la productivité. Et hors période de crise, Nous devons également nous assurer que les capitaux soient accessibles, surtout pour les propriétaires de petites et moyennes entreprises et entrepreneurs qui créeront des emplois.
Cela est vrai partout dans le monde, mais peut-être plus particulièrement pour l'Afrique subsaharienne. Le taux de la pauvreté en Afrique a chuté de 56% en 1990 à 43% en 2012, mais avec un nombre croissant d’habitants connaissant la grande misère. Nous estimons qu’aujourd’hui en Afrique plus de 63 millions de personnes sont dans une situation d’extrême précarité, la croissance démographique ayant dépassé les forces impressionnantes économiques et sociales qui ont réduit le taux de pauvreté.
Notre dernier rapport, "la pauvreté dans une Afrique en développement", indique que ces chiffres ne représentent pas tous les aspects d'une région qui a connu une forte croissance économique au cours des deux dernières décennies, et fait d’énormes progrès en dépit de nombreux défis.
Ce document indique aussi que les statistiques enregistrées sont plut?t rares et contradictoires. Vingt-neuf pays à travers la planète n’ont fourni aucune donnée sur la pauvreté de 2002 à 2011 (28 nations ont seulement publié une enquête sur cette période), d’où la difficulté de pouvoir suivre l’évolution.
Cette situation doit changer pour pouvoir améliorer la capacité de lutter contre la pauvreté dans le monde. En fait, nous ne pourrons pas atteindre notre objectif sans informations régulières et précises. Pour cela, nous devons nous concentrer sur les lacune et l’absence de données.
Pour résoudre ce problème, nous avons lancé une nouvelle initiative visant à renforcer la collecte des données dans 78 des pays les plus pauvres. Nous nous engageons à travailler avec nos partenaires avec les nations et organisations internationales, pour mener plusieurs enquêtes destinées à évaluer l’amélioration du niveau de vie des populations.
Alors que le monde s’efforce de mettre fin à l’extrême précarité d’ici les 15 prochaines années, il est essentiel de réunir une solide base de données, pour que les programmes et mesures politiques profitent aux personnes qui n’ont jamais bénéficié d'une forte croissance.
Dans les moment difficiles, certaines puissances économiques ont d? faire des choix. Les pays qui n’ont pas réussi, peuvent toujours le faire. Il n'est pas trop tard. Les décisions de choix politiques difficiles enverront des signaux au monde, permettant aux gouvernements de jeter les bases d’une croissance future.
(L’auteur de cet article est JIM YONG KIM, président de la Banque mondiale).