Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a appelé mercredi la France à entamer des poursuites contre les Etats-Unis suite aux révélations d'opérations d'espionnage menées contre les trois derniers présidents fran?ais, annon?ant également la divulgation prochaine de nouveaux documents.
"Le moment est venu pour la France de (...) lancer une enquête parlementaire, d'en parler au procureur et d'entamer des poursuites", a déclaré mercredi soir M. Assange dans une interview accordée à la cha?ne de télévision TF1.
"Il faut vraiment envoyer un message très clair. Les puissances mondiales sont en train de regarder la France pour voir quelle sera sa réaction", a-t-il poursuivi.
"Si la réaction de la France c'est la politique de l'autruche, à ce moment-là ce sera un signal clair qui sera envoyé aux Etats-Unis et à d'autres pays", a-t-il ajouté, estimant qu'il n'y a "que la France qui peut prendre les rênes et mener les choses en Europe".
Le fondateur de Wikileaks, réfugié depuis trois ans dans l'ambassade de l'Equateur à Londres, a également indiqué que de nouveaux documents seront publiés à l'avenir.
"C'est le début d'une série et je pense que les documents les plus importants restent à venir", a-t-il confié, soulignant que Wikileaks dispose "d'autres informations" qui "vont sortir le moment venu".
Mardi soir, le journal Libération et le site d'information Mediapart avaient publié, en collaboration avec WikiLeaks, des documents confidentiels révélant que la NSA a espionné les trois derniers présidents fran?ais entre 2006 et 2012.
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC) des Etats-Unis avait alors immédiatement réagi précisant que Washington ne cible pas et ne ciblera "pas les communications du président Hollande".
Mercredi, le président américain Barak Obama a de son c?té "réitéré sans ambigu?té son engagement ferme (...) d'en terminer avec les pratiques qui ont pu avoir lieu dans le passé et qui étaient inacceptables entre alliés", selon un communiqué de l'élysée.
Le même jour, le Premier ministre fran?ais, Manuel Valls, avait estimé que les Etats-Unis devaient "tout faire" pour réparer les dégats liés aux révélations sur les écoutes américaines, appelant à la mise en place d'un code de bonne conduite entre alliés.
"Les Etats-Unis doivent reconna?tre non seulement les dangers que de tels agissements font peser pour nos libertés mais aussi tout faire et vite pour réparer les dégats que cela occasionne dans les relations entre pays alliés et entre les Etats-Unis et la France", avait déclaré M. Valls à l'Assemblée nationale.
"Il est souhaitable qu'entre pays alliés un code de bonne conduite soit établi en matière de renseignement et de respect de la souveraineté politique", avait-il ajouté, dénon?ant "les pratiques inacceptables" émanant d'un pays "ami".
"Nous portons l'indignation de la France et des Fran?ais, et l'explication doit venir au plus vite", avait-il insisté.
Jeudi matin, le député Les Républicains et ancien Premier ministre Fran?ois Fillon a fait part de son "indignation" suite à la révélation des écoutes américaines, allant même jusqu'à demander, à l'instar d'autres responsables politiques comme Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) ou Marine Le Pen (Front national), la suspension des négociations sur le traité commercial transatlantique.
"Il n y a qu'une réaction possible c'est l'indignation, qui doit déboucher sur des décisions pour faire en sorte que les Etats-Unis comprennent qu'ils ne peuvent pas continuer à se conduire de cette manière", a estimé jeudi matin sur RTL M. Fillon.
Ce que le président Hollande doit faire "c'est prendre une décision qui concerne les intérêts américains et il y en a une qu'il faut prendre tout de suite c'est suspendre les discussions sur l'accord transatlantique", a préconisé l'ancien locataire de Matignon.
"On ne peut pas accepter qu'un Etat ami écoute les plus hautes autorités de l'Etat, c'est juste insupportable (...). Il faut prendre des mesures pour que les Etats-Unis comprennent qu'ils ne peuvent pas faire ?a impunément", a-t-il assené.
Mercredi, plusieurs responsables politiques fran?ais de tous bords s'étaient déjà exprimés sur cette affaire, jugeant "inacceptable" l'espionnage des présidents Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et Fran?ois Hollande par l'agence de renseignement américaine NSA.
Dans l'après-midi, le président Hollande avait appelé son homologue américain Barak Obama pour faire "une mise au point sur les principes qui doivent gouverner les relations entre alliés en matière de renseignement", selon le communiqué de l'Elysée.