En général, les élections générales en Grèce n'attirent guère l'attention des médias internationaux, mais celles de cette année ont fait exception. Lors des élections générales grecques du 25 janvier dernier, le parti Syriza, qui préconisait la fin des mesures d'austérité, a remporté une victoire spectaculaire. Non seulement cela a changé le paysage politique en Grèce, mais aussi jeté une ombre sur les perspectives de la zone Euro.
Pour la Grèce, cette élection a vu la première arrivée au pouvoir d'un parti de la gauche radicale depuis la Seconde Guerre mondiale. Né en 1974 en Grèce, Alexis Tsipras, le dirigeant de la gauche radicale, est devenu le plus jeune premier ministre de son pays depuis 150 ans. La victoire de la gauche radicale a également montré que le ? populisme ? dispose d'un solide fonds de commerce en Grèce, tandis que le ? pragmatisme ? préconisé par le Nouveau Parti démocratique dans le cadre de l'accord de sauvetage destiné à faire sortir le pays de la crise de la dette a été abandonné par le peuple.
Pour l'Europe, ce ? relooking ? de la Grèce fait naitre de multiples problèmes. Premièrement, cela montre que le plan d'austérité de l'UE imposant des réformes a échoué, et que planent de fortes incertitudes sur ce qui pourra être fait dans l'avenir. Après sa victoire, M. Tsipras a déclaré être ? prêt à renégocier ?. Auparavant, il déclarait publiquement son exigence de réduction de moitié de la dette grecque. Actuellement, le montant de la dette souveraine de la Grèce représente près de 180% de son produit intérieur brut, c'est dire si sa solvabilité est douteuse. Face aux demandes de marchandage de M. Tsipras, l'Europe se trouve face à un dilemme.
Deuxièmement, si jamais la Grèce refusait vraiment de rembourser ses dettes venant à échéance, le groupe euro devrait-il finalement expulser ou non la Grèce de la zone Euro ?
Troisièmement, le résultat des élections en Grèce va-t-il conduire à une réaction en cha?ne ? Politiquement, certains partis ? populistes ? européens, qui voient dans la situation de la Grèce une sorte d'espoir, souhaitent lui embo?ter le pas. Sur le plan économique, les voix contre l'austérité en Europe vont s'en trouver confortées, affectant ainsi les politiques en la matière dans la zone Euro.
La question clé est de savoir si le problème des créances douteuses de la Grèce est mal résolu, cela ne risque-t-il pas de conduire à ? l'effondrement de la maison Euro ? ?
La production économique totale de la Grèce ne représente que 2% environ de la zone Euro, elle ne menace donc pas la situation globale. Au plus fort de la crise de la dette européenne il y a trois ans, certains avaient évoqué pour la première fois une ? sortie de l'Europe ? de la Grèce, qui aurait même pu conduire à la désintégration de la zone Euro. Mais tout cela s'est finalement avéré être une fausse alerte.
Comparativement aux années précédentes, la situation de la crise de la dette dans la zone Euro s'est améliorée.
A supposer même que la Grèce sorte de l'Union Européenne, ce ne serait pas pour autant ? l'enfer ?. Ces dernières années, cette idée même a toujours existé en Europe. La logique est que, plut?t que de s'inquiéter de l'éventuel ? effet domino ? d'une sortie de la Grèce, ne vaudrait-il pas mieux se demander s'il n'est pas préférable de se séparer d'un tonneau sans fond pour assurer la santé de l'ensemble.
Il convient aussi de noter que, bien qu'avant les élections M. Tsipras ait pris des positions extrêmes, en fait, il n'a pas beaucoup de cartes en main. Pour remplir son engagement pré-électoral d'augmentation du salaire minimum (qui passerait de 586 Euros à 751 Euros) et de réduction de la pauvreté, il a besoin de beaucoup d'argent ; or, chacun sait qu'après sa victoire, M. Tsipras a modifié ses propos et dit que ? la Grèce ne quittera pas la zone Euro ?.
Par conséquent, ce ? relooking ? grec n'est pas un compte à rebours vers l'? apocalypse ?, mais bien plut?t le début d'une nouvelle ronde de négociations.