Si la professionnalisation des armées est une tendance de plus en plus répandue en Europe -deux des principales armées du Vieux Continent, les armées fran?aise et britannique notamment étant entièrement professionnelles- certains pays restent encore manifestement farouchement attachés à la conscription. C'est le cas de la Suisse, qui vient de rejeter massivement par un vote populaire la proposition lancée par le Groupe pour une Suisse sans armée (GSSA), formé notamment de socialistes, verts et féministes, et demandant la suppression de la conscription obligatoire pour la remplacer soit par des volontaires, soit par une petite armée de métier.
Depuis fort longtemps, l'armée de milice constituée de citoyens-soldats est considérée comme l'un des piliers fondateurs de la Confédération Helvétique, et de fait, tous les grands partis -et même le Gouvernement- étaient opposés à cette proposition, hormis le Parti Socialiste. Le résultat a été sans appel, avec un non massif à plus de 73%.
Fait notable, dans un pays multilingue où les opinions sont parfois bien tranchées entre les francophones et les germanophones -c'est le fameux ? R?stigraben ?, le fossé censé séparer les deux communautés- tous les cantons, qu'il soient de langue allemande, fran?aise ou italienne, ont voté non à cette proposition, même si les francophones ont été dans l'ensemble moins catégoriques que leurs compatriotes germanophones, notamment à Genève, qui n'a voté qu'à 57,9% pour le non, le chiffre le plus bas de cette votation, le chiffre le plus haut ayant été enregistré dans le canton d'Uri, avec 85% de non.