Dernière mise à jour à 15h26 le 07/06
Nous vivons un moment crucial dans l'histoire du monde. Les températures sont à des niveaux record en raison du réchauffement climatique. Les gaz à effet de serre produits par la combustion à grande échelle de combustibles fossiles réchauffent l'atmosphère et elles polluent aussi l'air. Il est évident, comme tout le monde s'est accordé à le dire lors du sommet sur le climat de Paris l'année dernière, que quelque chose doit être fait de toute urgence pour sauver la planète en ma?trisant les effets potentiellement catastrophiques du changement climatique.
Une grande partie de la solution implique clairement un basculement des combustibles fossiles vers des sources d'énergie renouvelables comme les énergies solaire, éolienne et hydroélectrique. Si ces trois sources plus propres peuvent être exploitées dans une mesure telle qu'elles peuvent ouvrir une brèche importante dans la domination de ce qu'on pourrait appeler le ? trio sale ? du pétrole, du charbon et du gaz, alors l'humanité pourrait être en mesure de renverser ce qui semble être un chemin inévitable vers sa destruction.
Pourtant, si la révolution des énergies renouvelables est à venir, elle ne vient que très lentement. Cependant, l'histoire peut finalement démontrer que l'approche gradualiste est la seule viable. Malheureusement, les énergies renouvelables sont otages de l'économie : Si elles sont trop chères, elles ne pourront pas rivaliser avec l'efficacité des co?ts du ? trio sale ?, et elles finiront dans les poubelles d l'histoire. Mais les technologies s'améliorent et les co?ts de production baissent, les énergies renouvelables ne cessent de devenir de plus en plus concurrentielles sur le marché, ce qui donne quelques raisons d'être optimiste.
La Chine, avec sa taille massive et donc son potentiel extraordinaire pour des économies d'échelle, est sans aucun doute appelée à jouer un r?le de premier plan dans la promotion de l'énergie verte. Le gouvernement chinois a reconnu le besoin urgent de changement, tant en termes de réduction de la pollution causée par les gaz à effet de serre que de l'amélioration de la sécurité énergétique, en tentant de se diversifier des combustibles fossiles importés. Voilà pourquoi la Chine, ainsi que les Etats-Unis, se sont engagés à mettre en ?uvre l'accord de la COP21 obtenu à Paris le plus rapidement possible, peut-être même d'ici la fin de cette année.
Ici, en Europe, cependant, il semble y avoir beaucoup de scepticisme à propos de ce que la Chine est à. Lors d'une récente conférence UE-Chine sur l'énergie au Comité économique et social européen à Bruxelles, par exemple, un orateur s'est efforcé de démontrer que la Chine se livre à du dumping et vend des panneaux solaires bon marché à l'Europe, et que s'il n'est pas mis fin à cette pratique, les producteurs européens finiront par être exclus du marché. Cette suspicion illustre la méfiance qui prévaut chez les Européens au sujet des intentions de la Chine, ainsi que la nécessité de canaux de communication améliorés.
D'autre part, l'orateur ne semble pas reconna?tre le fait que des panneaux solaires bon marché pourraient être exactement ce dont le monde a besoin s'il veut réellement lutter contre le changement climatique.
Au lieu de trouver des moyens d'accepter la contribution de la Chine, de nombreux Européens semblent être résolus à trouver la faute et protéger les intérêts européens au lieu de mettre l'accent sur la coopération pour atteindre les objectifs fixés à Paris.
Cependant, malgré l'état précaire de l'environnement mondial, il semble y avoir de nombreuses raisons d'être optimiste, en particulier maintenant que la Chine a relevé le défi de s'écarter du ? trio sale ? aussi rapidement que le permettra le développement économique. La Chine est désormais le premier producteur mondial d'énergies renouvelables, principalement grace à la production d'hydroélectricité et d'énergie éolienne. La Chine cherche à s'éloigner de sa trop grande dépendance au charbon, à court terme en passant davantage de sa production d'énergie au gaz naturel importé par gazoduc d'Asie centrale, mais à moyen et à long terme en se concentrant sur les énergies vertes.
Un développement passionnant est l'avènement de grands projets solaires thermiques en Australie et aux états-Unis. Malgré les maladies de jeunesse, phénomène commun à toute nouvelle technologie, cette alternative à la méthode photovolta?que standard consistant à exploiter l'énergie solaire gagne du terrain, ainsi que l'intérêt du plus grand producteur de charbon du monde, la société chinoise Shenhua Coal. Shenhua a ainsi signé un protocole d'entente avec la société australienne SolarReserve pour construire 10 grandes centrales thermiques solaires en Chine pour un co?t estimé à 2 milliards de Dollars US.
Ces centrales fonctionnent sur le principe de réflexion des rayons du soleil par des miroirs vers un récepteur installé sur une tour. Ici, ils chauffent une matière liquide comme l'eau salée, qui est ensuite utilisée pour actionner une turbine et produire de l'électricité.
A l'heure actuelle, cette technologie n'est pas encore totalement au point : les centrales déjà construites construites aux états-Unis ont produit moins d'énergie que prévu et à un co?t plus élevé que la production standard d'énergie solaire photovolta?que. Néanmoins, avec du temps et de la patience, cette technologie démontrera son potentiel de changer la donne sur une grande échelle.
Alors que la Chine s'éloigne progressivement de sa dépendance aux combustibles fossiles, dont elle est maintenant le plus grand consommateur au monde, et qu'en même temps elle continue à rationaliser ses structures d'entreprise via la réforme de l'offre, les énergies renouvelables vont prendre une place de plus en plus importante en tant qu'industries véritablement viables et génératrices de profits. Après tout, si la race humaine tient encore à se sauver et à sauver la planète aussi, le monde a besoin d'une énergie verte et propre, et cela signifie que les énergies renouvelables sont susceptibles de devenir de plus en plus recherchées après les produits de base.
Tout comme certains furent lents à voir le potentiel du pétrole au 19e siècle, beaucoup n'ont pas encore saisi l'immense qu'ont les énergies renouvelables pour transformer les marchés de l'énergie. Il semble que tant le gouvernement chinois que les entreprises chinoises sont à présent prêts eux à saisir cette occasion.
L'auteur est professeur de relations internationales au Centre d'études internationales Jan Masaryk à l'Université d'économie de Prague.