En dépit du recul des risques macroéconomiques depuis l'automne, l'économie mondiale continue à être confrontée à un certain nombre de défis importants, et le monde doit prendre des mesures pour empêcher que la croissance médiocre ne devienne la "nouvelle réalité", a indiqué jeudi la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde.
Bien que la croissance mondiale se situe à peu près au niveau de la moyenne des trois dernières décennies, elle n'est tout simplement pas assez forte pour compenser l'impact persistant de la Grande récession, à savoir la faible croissance, la faible inflation, le ch?mage élevé et la dette élevée, a fait remarquer Mme Lagarde lors d'un discours prononcé devant le Conseil de l'Atlantique, en amont des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, la semaine prochaine.
Quelques semaines avant la publication du rapport phare du FMI - Perspectives économiques mondiales - sa directrice générale s'attend à ce qu'en 2015, la croissance mondiale reste à peu près la même qu'en 2014, où elle avait augmenté à un rythme modéré et atteint 3,4 %. Dans les économies avancées, la croissance devrait être légèrement supérieure à celle de 2014, mais dans la plupart des économies émergentes et en développement, elle sera légèrement inférieure à celle de 2014.
En octobre dernier, la directrice du FMI avait mis en garde contre le risque de "nouvelle médiocrité" : une croissance faible et durable. "Nous devons empêcher qu'une croissance médiocre ne devienne la 'nouvelle réalité'", a déclaré jeudi Mme Lagarde, ajoutant que "tous les champs d'action et leviers politiques doivent être utilisés".
Elle a noté que la zone euro et le Japon auront besoin de continuer à procéder à des orientations accommodantes de leur politique monétaire et à calibrer leurs politiques budgétaires de fa?on à soutenir la reprise sans perdre de vue la durabilité de la dette à moyen terme.
Mme Lagarde a appelé les importateurs de pétrole des pays émergents et en développement à saisir l'occasion que constitue le faible niveau des prix du pétrole pour réduire les subventions à la consommation d'énergie et économiser des ressources pour stimuler les investissements générateurs de croissance, tels que les infrastructures, l'éducation ou la santé.
La directrice du FMI a également mis en garde contre le niveau croissant des risques financiers liés à un environnement dominé par des taux d'intérêt faibles ou même négatifs qu'ont provoqué des politiques monétaires accommodantes.
"Si l'environnement des faibles taux d'intérêt persiste, il peut être à l'origine de problèmes de solvabilité pour les assureurs-vie et les fonds de pension à prestations définies", a-t-elle expliqué.
L'impact négatif du dollar fort est un autre risque auquel l'économie mondiale est aujourd'hui confrontée, selon la directrice du FMI. "Les entreprises des économies de marché émergentes (avec des montants importants de dettes libellées en dollars américains) sont coincées entre un dollar fort, les prix plus faibles des produits de base et des taux d'emprunt plus élevés", a ajouté Mme Lagarde.
Pour stimuler les initiatives nationales au profit de la communauté mondiale, la directrice du FMI a appelé à accorder aux marchés émergents et aux pays en développement davantage de poids et une attention plus grande au sein des institutions économiques mondiales.