Dernière mise à jour à 11h21 le 14/05
Dans une décision se pliant clairement à la volonté des lobbyistes industriels, le Parlement européen a passé jeudi une résolution exhortant l'Union européenne (UE) à ne pas accorder à la Chine le statut d'économie de marché.
Bien que cette résolution soit non-contraignante, le fait même qu'une majorité écrasante (546 votes pour et 28 contre) des députés européens refuse de reconna?tre la Chine en tant qu''économie de marché pourrait jeter un froid sur les relations commerciales Chine-UE, qui prospèrent depuis des années et ont produit des résultats tangibles pour les deux parties.
De nombreux députés européens ayant décidé de ne pas accorder à la Chine le statut d'économie de marché ont cité comme raison l'échec de la Chine à remplir les cinq critères établis par l'UE définissant une économie de marché, ont rapporté des médias européens.
Cependant, en regardant simplement dans la liste des pays auxquels l'UE a déjà accordé le statut d'économie de marché, il est évident que ces critères n'ont jamais été le principal facteur de décision de l'UE pour accorder ce statut.
Une autre raison pouvant expliquer la décision des députés européens est leur peur qu'accorder un tel statut à la Chine pourrait affaiblir certaines industries au sein du bloc.
De telles inquiétudes, ressemblant au sentiment entendu derrière les récents appels au protectionnisme lancés par l'industrie de l'acier européenne, n'ont pas leur place au niveau global, l'essence même du commerce international étant de laisser les entreprises faire usage de leurs avantages comparatifs.
Le statut d'économie non-marchande de la Chine est bien trop souvent devenu une arme pour les protectionnistes commerciaux. Les statistiques montrent que 56 des 73 cas anti-dumping de l'UE impliquent un produit chinois.
Néanmoins, cette pratique protectionniste est maintenant dépassée. Malgré son usage, le commerce bilatéral entre la Chine et l'UE a connu une croissance rapide. La Chine est maintenant le deuxième plus grand partenaire commercial de l'UE, avec un volume commercial journalier dépassant 1 milliard d'euros (1,13 milliards de dollars).
Comme de nombreux experts l'ont fait remarquer, sur le long-terme, l'UE a plus à gagner qu'à perdre en accordant à la Chine le statut d'économie de marché.
Etant un membre important de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), l'UE a également l'obligation légale de renoncer avant la date butoir du 11 décembre à la pratique déloyale de l'usage d'un pays représentant pour décider si un produit chinois est vendu à un prix artificiellement bas sur le marché européen.
Il serait avisé pour les députés européens de se concentrer sur la vision générale du commerce Chine-UE au lieu de se faire embrigader par des protectionnistes à l'esprit étroit, afin d'entrer dans un futur plus prospère pour le bloc tout entier.