Dernière mise à jour à 15h36 le 21/09
Le maintien de l'ordre mondial d'aujourd'hui, qui établit la paix après la victoire des Alliés dans la Seconde Guerre mondiale et empêche la renaissance du militarisme dans l'ère d'après-guerre, exige essentiellement des efforts concertés de la Chine et des Etats-Unis.
Alors que l'ensemble de la communauté internationale commémore le 70e anniversaire de la victoire de la Seconde Guerre mondiale, les experts chinois et étrangers ont appelé à des efforts concertés de la Chine et des Etats-Unis pour préserver l'ordre mondial d'après-guerre.
Cet ordre est maintenant confronté à de graves problèmes, en particulier suite aux tentatives des droitistes du Japon de refuser les résultats de la Seconde Guerre mondiale et de changer la Constitution pacifiste du pays.
Ainsi, il serait opportun pour les Etats-Unis de se joindre à la Chine pour préserver l'ordre d'après-guerre, leur étroite coopération pouvant avoir un impact positif et stabilisateur sur un large éventail de questions, a indiqué Ted Carpenter, chercheur en études de défense et de politique étrangère à l'Institut Cato, groupe de réflexion basé à Washington.
"Ces deux pays doivent être considérés comme de grandes puissances responsables ayant l'obligation et le droit de contribuer à l'ordre mondial", a-t-il déclaré dans une récente interview accordée à Xinhua.
UN ORDRE MONDIAL D'APRES-GUERRE INEBRANLABLE
Après la Seconde Guerre mondiale, les grandes puissances alliées victorieuses ont proposé d'établir un organisme multilatéral - l'Organisation des Nations Unies - en créant la Charte des Nations Unies. Ce document, qui fixe la tendance principale de la paix pour le monde d'après-guerre, constitue l'un des principaux héritages de la guerre anti-fasciste mondiale.
A cet héritage majeur s'ajoutent aussi la Déclaration du Caire de 1943 et la Proclamation de Potsdam de 1945. "L'ordre d'après-guerre a été fondé sur ces documents historiques importants", a observé Ruan Zongze, vice-président de l'Institut des études internationales de Chine (IEIC). "Leurs objectifs sont de mieux préserver la paix mondiale et d'empêcher les auteurs de la guerre de répéter les erreurs du passé".
Concernant le Japon militariste, la Déclaration du Caire stipule que "tous les territoires que le Japon avait volés à la Chine, comme la Mandchourie, Formose (Ta?wan) et les ?les Pescadores" doivent être restitués à la Chine.
En tant qu'ultimatum qui a appelé à la reddition inconditionnelle du Japon, la Proclamation de Potsdam réaffirme que "les termes de la Déclaration du Caire doivent être respectés et la souveraineté japonaise doit être limitée aux ?les de Honshu, Hokkaido, Kyushu, Shikoku et d'autres ?les mineures".
"Leurs termes sont très clairs : le Japon doit restituer tous les territoires qu'il a pris par force, y compris les ?les chinoises de Diaoyu", a indiqué à Xinhua Shi Yinhong, professeur à l'Institut des relations internationales de l'Université populaire de Chine.
Après avoir officiellement accepté la proclamation le jour de sa reddition, le Japon a révisé sa loi fondamentale basée sur le militarisme, dont la version d'après-guerre est connue sous le nom de "Constitution pacifiste" pour son article 9, indiquant que le pays renonce à la guerre.
La Constitution interdit l'usage de la force comme moyen pour régler les différends internationaux et interdit aussi au Japon de maintenir une armée, une marine ou une force aérienne. "Le droit de belligérance de l'Etat ne sera pas reconnu", stipule la Constitution.
Il s'agit d'un engagement que le Japon a fait au monde en s'appuyant sur les le?ons tirées de la guerre, ont observé des chercheurs japonais.
En effet, la Constitution pacifiste faisait partie de l'engagement des Etats-Unis pour la reconstruction d'après-guerre du Japon. Comme d'autres documents historiques avancés par les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, dont la Chine, la Constitution vise à assurer que cet ancien pays impérialiste asiatique concentre ses ressources sur la relance économique, au lieu d'agresser d'autres nations.
"A cette époque, la coopération sino-américaine sur la question du Japon était remarquablement sincère, ce qui a jeté une base solide pour leur contribution conjointe à la reconstruction du nouvel ordre mondial", a déclaré Yang Xiyu, chercheur de l'IEIC.
LE JAPON DEFIE OBSTINEMENT L'ORDRE MONDIAL D'APRES-GUERRE
Cependant, quelques années seulement après l'adoption de sa Constitution pacifiste, le Japon a tenté de minimiser ses actes d'agression et ses crimes de guerre dans les manuels d'histoire.
Au mépris de la Proclamation de Potsdam, les membres du cabinet japonais ont multiplié ces dernières décennies les visites au sanctuaire Yasukuni à Tokyo, site tristement célèbre qui honore 14 criminels de classe A de la Seconde Guerre mondiale.
Certains des criminels de guerre honorés dans le sanctuaire - symbole du militarisme du Japon - sont tenus responsables pour l'attaque surprise sur Pearl Harbor en 1941, a rappelé M. Ruan, ajoutant qu'en raison de la complicité des Etats-Unis, les tentatives du Japon de contester l'ordre mondial sont allées encore plus loin.
Sous l'aval du Premier ministre Shinzo Abe, le gouvernement japonais cherche à réinterpréter la Constitution et à faire passer des projets de loi controversés permettant aux Forces d'autodéfense japonaises de jouer un r?le plus important à l'étranger au-delà de l'objectif de l'auto-défense, ajoutant cela à la mascarade de sa soi-disant "nationalisation" des ?les chinoises de Diaoyu.
Le plan de M. Abe, étiqueté comme "projets de loi de guerre" par les médias tant nationaux qu'étrangers, a suscité un tollé dès son apparition. Selon un dernier sondage mené par le diffuseur public japonais NHK, 61% des Japonais interrogés ont rejeté les démarches de leur gouvernement, ce qui s'est traduit par le déclenchement de protestations massives l'une après l'autre dans les grandes villes du Japon.
"Si le système de sécurité du Japon était modifié, le monde pourrait voir un Japon imprévisible capable de recourir à la force à l'étranger", a relevé M. Yang.
Un tel Japon capricieux pourrait poser de graves menaces à l'ordre de la région Asie-Pacifique, voire du monde entier en général, et apporter de grands incertitudes et défis à son allié, les Etats-Unis, a-t-il averti.
En outre, il existe une ressemblance frappante entre le Japon d'aujourd'hui et l'Allemagne d'après la Première Guerre mondiale, ce qui mérite que le monde fasse attention, a observé Tang Zhongnan, président honoraire de la Société chinoise d'études d'histoire du Japon.
Avant de devenir un foyer de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne a déchiré le traité de Versailles qui avait établi l'ordre mondial d'alors dans les années 1930. L'approche similaire adoptée par le Japon d'aujourd'hui sert juste de preuve irréfutable de ses tentatives pour contester et refuser l'ordre mondial d'après-guerre, a indiqué M. Tang dans son article publié dans le magazine Qiushi (recherche de la vérité), revue chinoise destinée à l'élaboration des politiques et aux études théoriques.
WASHINGTON DOIT SE JOINDRE A BEIJING POUR PRESERVER L'ORDRE MONDIAL
Ayant combattu c?te à c?te dans la Seconde Guerre mondiale, la Chine et les Etats-Unis sont les constructeurs, les sponsors ainsi que les bénéficiaires de l'ordre mondial d'après-guerre.
La paix et la stabilité assurées par l'ordre d'après-guerre sont des conditions préalables importantes pour le développement de la Chine et des Etats-Unis, et il est dans l'intérêt des deux peuples que les deux pays maintiennent une bonne dynamique dans leurs relations, a déclaré Teng Jianqun, chef du Département des études américaines de l'IEIC.
Grace à un environnement extérieur relativement stable, la Chine est devenue une puissance majeure pour le développement économique régional et mondial, alors que l'économie américaine s'appuie largement sur les interactions avec l'Asie-Pacifique depuis la fin de la crise financière mondiale. Par conséquent, il est dans leur plus grand intérêt de maintenir la paix, la stabilité et la prospérité dans la région Asie-Pacifique, a expliqué M. Teng.
"La Chine a atteint des progrès remarquables en s'en tenant à la voie de développement pacifique, à la réforme et à l'ouverture", a affirmé l'ambassadeur de Chine aux Etats-Unis Cui Tiankai dans un article publié dans USA Today.
"La Chine bénéficie de l'ordre mondial actuel et est devenue le gardien d'un tel ordre", a indiqué M. Cui.
En effet, le plus grand bénéficiaire de l'ordre international d'après-guerre sont les Etats-Unis, a estimé M. Yang.
En reconstruisant conjointement l'ordre mondial avec d'autres vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ont renforcé leur position en tant qu'un des principaux acteurs dans les affaires mondiales, et ont jouit de la paix et de la stabilité dans une bonne partie de l'après-guerre, condition sine qua non pour leur boom économique qui dure depuis des décennies.
En ce sens, il est nécessaire que les Etats-Unis se joignent à la Chine dans la défense de l'ordre mondial d'après-guerre, et ce de manière à contribuer à sa stabilité et durabilité, a souligné M. Yang.
DE LARGES CHAMPS POUR LA COOPERATION SINO-AMERICAINE
Il y a de larges champs pour la coopération sino-américaine pour le maintien et l'amélioration de l'ordre d'après-guerre existant, a jugé M. Yang.
Les deux pays doivent regarder au-delà de leurs différences, "rester attachés aux valeurs de base et au cadre majeur de l'ordre international d'après-guerre, et rejeter fermement les comportements qui les compromettent", a fait remarquer l'ambassadeur Cui.
Dans une récente interview accordée à Xinhua, Stephen Orlins, président du Comité national sur les relations sino-américaines (NCUSCR), a exprimé l'espoir que les Etats-Unis et la Chine puissent élargir leur coopération bilatérale sur un large éventail de questions telles que la recherche et le sauvetage, l'aide humanitaire, la lutte contre le changement climatique, l'anti-terrorisme et la coopération financière.
Le renforcement du système d'après-guerre et des ordres économique et financier du monde exige, sans aucun doute, des efforts concertés de la Chine et des Etats-Unis, qui demeurent respectivement le plus grand pays en développement et le plus grand pays développé.
Certains de leurs accords et mécanismes pourraient contribuer grandement à la défense de l'ordre d'après-guerre, a déclaré M. Yang, prenant comme exemple le Traité bilatéral d'investissement (TBI) entre la Chine et les Etats-Unis en cours de négociation.
"Avec une influence de portée régionale et mondiale, le TBI est configuré pour être un paradigme entre les grands pays pour préserver le système mondial d'après-guerre", a estimé M. Yang, avant d'ajouter qu'"une relation sino-américaine saine est elle-même une contribution précieuse à l'ordre régional et à celui du monde dans son ensemble".
Sur le plan multilatéral, on compte aussi sur les deux pays pour relever les nouveaux défis qui risqueraient de mettre en péril le monde entier, alors que le monde est devenu une "communauté de destin commun", selon le président chinois Xi Jinping.
Précisément, en plus de leur coopération traditionnelle en matière de sécurité, les défis non-conventionnels dans des domaines tels que le maintien de la paix, la lutte contre le terrorisme, la non-prolifération nucléaire, la cybersécurité, le changement climatique et l'énergie, nécessitent également des interactions renforcées entre la Chine et les Etats-Unis, a déclaré M. Teng.
Lors de la récente visite aux Etats-Unis de Meng Jianzhu, envoyé spécial de M. Xi, les deux pays sont parvenus à un consensus important dans la lutte contre la cybercriminalité. Cela a créé des opportunités pour les deux parties de procéder à davantage de coopération dans ce domaine.
Face à ces nouvelles situations, les deux pays devraient s'adapter à de nouvelles fa?ons de penser et agir afin de mieux défendre la paix et la stabilité du monde, a poursuivi M. Teng.
A l'approche de la visite d'Etat du président Xi aux Etats-Unis, prévue entre les 22 et 25 septembre, le moment ne pourrait être mieux pour les deux parties de partager leurs visions sur l'ordre mondial, régi par les traités internationaux dont la Chine et les Etats-Unis sont signataires.