Dernière mise à jour à 09h16 le 13/09
Sur un terrain poussiéreux de la capitale camerounaise, Yaoundé, un groupe de jeunes vêtus de maillots de couleurs différents se poursuivent après un ballon, avan?ant et donnant des coups de pied avec des touches habiles, alors que les spectateurs bruyants rugissent.
Parmi eux figure Hamza Abdouraman, un avant-centre imposant, qui parle ouvertement de son rêve d'enfant "de devenir un grand joueur professionnel".
Bien qu'il veuille se faire un nom au Cameroun, l'Europe reste son objectif ultime et le Manchester United, son club de rêve.
Le jeune homme de 26 ans fait partie d'innombrables gar?ons camerounais dont les rêves de gloire et de richesse alimentent une obsession qui nourrit les familles entières ainsi qu'une industrie d'entra?neurs et de managers avides de trouver le prochain grand nom.
L'équipe d'Abdouraman, le Money Football Club, jouait la finale d'un championnat de football de vacances lorsque les journalistes de Xinhua sont arrivés sur le terrain. Il y avait un prix alléchant pour les meilleurs joueurs du championnat - une offre de jouer dans un club professionnel où ils peuvent impressionner les dépisteurs et peut-être franchir une nouvelle étape vers une carrière professionnelle, a fait remarquer Mouhamadou Aminou, homme politique et organisateur du championnat.
Au Cameroun, le football est considéré comme une religion et des individus comme M. Aminou organisent chaque année des championnats de football lorsque les enfants sont en vacances dans les villages, les communes et les villes du pays pour les divertir et les occuper.
"Nous sommes dans un quartier qui a près de 15.000 ames. On ne peut pas rester sans pratiquer le sport et en période de vacance, cela n'est que normale que nous puissions occuper les jeunes. Je peux vous citer deux, trois ou quatre joueurs qui sont à l'extérieur et qui ont été recrutée grace à ce championnat. Il y a ceux qui sont en Turquie, ceux qui sont en France", a indiqué M. Aminou, qui organise le championnat depuis cinq ans.
Les jeunes sont tellement passionnés par le jeu qu'ils jouent parfois pieds nus et la forme de jeu bon marché s'est répandue, transcendant les lignes ethniques, politiques et sectaires qui divisent parfois le Cameroun.
Certains gar?ons, principalement issus de foyers pauvres, rêvent de réussir dans la vie grace au football et d'aider leurs familles à sortir de la pauvreté.
Le championnat de football de vacances les aide à se perfectionner avant de rejoindre un club professionnel, a expliqué à Xinhua Noobissie Gautier, agé de 29 ans, capitaine du Mokolo FC, le club qui s'oppose à l'équipe d'Abdouraman en finale du championnat.
Il a raison. Certaines des légendes du football du pays, dont le quadruple vainqueur du joueur africain de l'année, Samuel Eto'o Fils et le meilleur joueur africain des 50 dernières années selon la Confédération africaine de football (CAF), Roger Milla, sont connus pour avoir commencé leur carrière en jouant des championnats de vacances pieds nus sur des terrains en terre battue.
Le Cameroun accueillera l'année prochaine le plus grand événement de football du continent africain, la Coupe d'Afrique des Nations (CAN). Pour les jeunes camerounais passionnés de football, la CAN est le moteur de leur ambition de gloire, en particulier lorsque des joueurs célèbres comme l'Egyptien Mohamed Salah et le Sénégalais Sadio Mane se présenteront.
Le nombre de jeunes désireux de jouer au football a considérablement augmenté, a noté Louis Tangono, qui entra?ne le Mokolo FC. Selon cet entra?neur de 32 ans, lui-même ancien footballeur professionnel, certains de ses joueurs ont été des mascottes pour des matchs d'essai dans des clubs de football locaux.
"On est fier de recevoir la Coupe d'Afrique des Nations chez nous (...) Cela nous donne la force de travailler plus dur pour avoir une place dans la prochaine Coupe d'Afrique des Nations", a ajouté M. Gautier.
"Nous verrons de nombreuses stars du football dans notre pays (pendant la CAN)", a ajouté M. Abdouraman qui a déjà go?té la gloire du football lorsqu'il a passé trois ans chez un club en Turquie. Même si les chances que le football l'aide à trouver un moyen de sortir de son humble quartier diminuent, la CAN garde ses espoirs.
La CAN permettra aux jeunes de regarder de grands footballeurs jouer et d'apprendre à devenir de grands footballeurs professionnels à l'avenir, a-t-il martelé.
Mais la route vers la gloire du football au Cameroun est longue et épineuse. Bien que le pays vienne de construire des stades de football de classe mondiale en vue de la CAN, dans la plupart des cas, les bidonvilles sont des terrains fertiles pour certains des meilleurs talents du football. Pour chaque joueur qui entre dans une équipe de première division du pays, environ 500 autres sont laissés pour compte, selon des analystes du football. Même les quelques chanceux qui réussissent sont peu susceptibles de décrocher un contrat lucratif.
Pourtant, le rêve appelle.
Lorsque l'arbitre a sonné le coup de sifflet final, l'équipe d'Abdouraman a été championne après avoir battu le Mokolo FC 2-1.