Dernière mise à jour à 09h25 le 15/12
Longtemps épargné des menaces terroristes, le Burkina Faso, logé au c?ur de l'Afrique de l'Ouest, vit désormais la peur au ventre, depuis qu'un commando armé a ouvert le feu en mi-janvier 2016, tuant une trentaine de personnes à Ouagadougou.
"Au plan sécuritaire national et sous-régional, la vigilance à chaque instant est de mise. J'ai déjà indiqué, à l'occasion des évènements tragiques du 16 janvier 2016 au Cappuccino et au Splendid h?tel, que nous devons vivre désormais en ayant à l'esprit que la menace terroriste est une réalité contre laquelle nous devons continuer à nous battre", a déclaré le Président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, dans un message à la Nation à l'occasion du 56è anniversaire de l'indépendance du Burkina Faso.
Depuis cette date, le Burkina Faso a fait l'objet de multiples agressions, notamment aux frontières avec le Mali et le Niger et entre mars 2015 et octobre 2016, le pays a enregistré au moins 5 attaques visant les forces de défense et de sécurité, faisant parfois des morts.
"L'inquiétude est en train de gagner les populations du Burkina Faso", estime le Mouvement "Le Balai Citoyen", fer de lance de la jeunesse, qui a contraint Blaise Compaoré à la démission.
L'opposition politique, quant à elle, a invité les plus hautes autorités à tout mettre en ?uvre pour assurer la protection des populations et des forces de défense et de sécurité.
Vers le retrait des soldats burkinabè au Darfour (Soudan)
"Cela commence par des signaux forts, notamment dans l'opérationnalisation des services de renseignements pour déjouer les attaques, et plus d'efforts dans l'équipement et la formation des forces de défense et de sécurité", avait indiqué un communiqué au lendemain d'une attaque contre un détachement de l'armée burkinabè à la frontière du Mali et du Niger, faisant six morts c?té burkinabè dont quatre soldats.
Acculés par l'opposition et la société civile, qui réclament plus de moyens et de formation au profit des forces de défense et de sécurité, les autorités du Burkina Faso, 11ème pays contributeur de troupes au monde dans le cadre de missions onusiennes, avec plus de 1.740 hommes au Mali, ont décidé de réagir.
En novembre, les autorités ont annoncé un "retrait" et un "redéploiement" de son contingent installé au Mali à ses frontières, notamment le Nord en proie à des actes terroristes depuis le début de l'année.
Selon une source diplomatique, le Burkina va entamer, dès juillet 2017, le retrait de son contingent onusien au Darfour pour renforcer sa sécurité intérieure.
Aussi, le président Kaboré a promis de soumettre à l'Assemblée nationale un projet de loi de programmation militaire pour la période 2017-2027 pour venir à bout des menaces terroristes qui planent sur son pays.
Insistant sur les conditions de travail des soldats sur le terrain, le chef de l'Etat burkinabè a soutenu que "c'est devenu une nécessité absolue pour notre armée nationale et nos forces de sécurité de disposer de matériel et d'équipements adéquats pour être à la hauteur des défis sécuritaires actuels et à venir".
Il a salué l'excellence de la coopération en matière de sécurité avec les Etats voisins, avant de réaffirmer la nécessité de renforcer cette coopération, afin de "mutualiser nos moyens et coordonner nos renseignements, dans l'intérêt supérieur de nos populations et pour continuer à bénéficier de la stabilité et de la paix dans la sous-région ouest-africaine".
Création d'un p?le judiciaire spécialisé en terrorisme
Le chef de l'Etat burkinabè a salué les Forces de défense et de sécurité qui assurent "avec beaucoup de détermination, d'abnégation et de satisfaction" la lutte pour la défense de l'intégrité du territoire, la protection des institutions républicaines et la lutte contre le terrorisme.
En début décembre, le gouvernement burkinabè a marqué son accord pour la transmission à l'Assemblée nationale d'un projet de loi portant sur la création, l'organisation et le fonctionnement du P?le judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme.
Ce projet de loi vise, selon les autorités, à créer un p?le judiciaire spécialisé au sein du Tribunal de grande instance Ouaga II, en vue de centraliser et de coordonner la répression des actes de terrorisme.
Outre ces efforts, le gouvernement se déploie pour équiper les forces de l'ordre et de sécurité en matériel adéquats afin de pouvoir faire face aux terroristes. Des chars, des armes de toutes catégories, des équipements tels les gilets pare-balle, des portes-armes sont en renfort aux éléments de sécurité.
Le pays est actuellement quadrillé par les forces de défense et de sécurité, et des contr?les inopinés sont légion sur tous les axes et même dans les grandes villes du pays, soutenus par des patrouilles de jour et de nuit.
Cet investissement important consenti dans les armements pour assurer la sécurité des biens et des personnes, indiquent les observateurs, va jouer, sans nul doute, sur les projets de développement en cours ou qui étaient en voie d'être finalisés.