Dernière mise à jour à 17h01 le 25/11
Recevant les voeux du corps diplomatique accrédité à Yaoundé en janvier 2015 au Palais de l'Unité, le président Paul Biya avait appelé à l'aide internationale dans la guerre menée par son pays contre la secte islamiste nigériane Boko Haram. "A menace globale, réponse globale", avait déclaré le chef de l'Etat camerounais.
Apparu au Nigeria depuis environ 2002, Boko Haram a transporté ses violences au Cameroun en 2013, avec l'enlèvement d'une famille fran?aise (Moulin Fournier) à Dabanga, localité de la région de l'Extrême-Nord frontalière avec le Nigeria. Le Tchad et le Niger ont ensuite été les cibles de ses attaques à l'arme lourde et de ses attentats-suicides.
A ces pays, le groupe terroriste affilié à l'organisation Etat islamique qui sévit au Moyen-Orient oppose de par son mode opératoire typique de telles organisations criminelles spécialisées dans le crime organisé transnational une guerre asymétrique, une menace nouvelle pour ces Etats, déjà fragilisés par la pauvreté et l'insuffisance de ressources pour satisfaire les besoins de leurs populations.
En dépit des budgets relativement importants alloués au secteur de la défense, tous ces pays, y compris le Nigeria, sont peu dotés en équipements adéquats et en personnels militaires suffisamment aguerris pour faire face à ce type de défi sécuritaire.
Du coup, s'est posé le problème de capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité tant nigérianes que camerounaises, tchadiennes et nigériennes à combattre Boko Haram. Le Cameroun par exemple a beau se targuer de disposer d'une armée nationale disciplinée, mais la réalité montre qu'il éprouve bien du mal à mettre un terme aux exactions de la secte islamiste sur son sol.
De manière générale, les quatre pays comme ceux de la bande du Sahel dont le Mali par exemple, sont confrontés à des besoins logistiques énormes (véhicules, satellites pour la surveillance du territoire en vue du repérage des positions du groupe terroriste, appareils de communication, etc.) et de renforcement des capacités de leurs différentes armées (formation des troupes aux techniques de lutte contre le terrorisme).
C'est la raison pour laquelle tous, sans exception, tendent la main à la communauté internationale, notamment pour une coopération avec les puissances mondiales dans les deux domaines. Leurs attentes portent aussi sur un appui technologique pour le partage et le traitement du renseignement, indique-t-on au sein des services de renseignements camerounais.
Parmi ces puissances, la Chine est identifiée comme un partenaire privilégié qui a la particularité de se distinguer du bloc occidental, accusé d'être l'instigateur de l'expansion du terrorisme dans le monde à travers les ventes d'armes, les livraisons d'armes officielle aux groupes faussement qualifiés de rebelles contre des régimes établis et l'achat du pétrole de contrebande contr?lé par les organisations terroristes.
En effet, pour leur guerre en Libye qui a fait couler dans la nature l'important arsenal militaire que disposait le régime du colonel Kadhafi, la France et ses alliés européens et américain sont pointés du doigt dans la montée en puissance d'Al Qa?da et ses organisations affiliées.
Pour sa diplomatie de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, la Chine, elle, jouit d'un grand capital sympathie auprès des pays africains, captivés par son émergence, non seulement au plan économique, mais aussi en matière de technologie militaire, de surcro?t jugée accessible à des co?ts abordables et sans "chantage politique".
Du géant asiatique, membre du Conseil de sécurité de l'ONU devenu par ailleurs leur partenaire commercial privilégié, ses alliés africains sollicitent aussi, affirme-t-on à Yaoundé, un soutien diplomatique pour permettre l'" internationnalisation" de la cause de la lutte contre le terrorisme jihadiste qui affecte leurs efforts de développement.
Pour eux, la lutte contre le terrorisme sur leurs territoires respectifs passe par une coopération sincère, sans arrière-pensées et sans ingérence à leurs intérieures de la part des partenaires étrangers, soup?ons généralement exprimés à l'égard de l'Occident toujours épris de velléités impérialistes.
Ce soutien est par exemple attendu pour le parrainage de l'opérationnalisation de la Force mixte multinationale (FMM) de la Commission du Bassin du lac Tchad (CBLT) pour la lutte contre Boko Haram, qui tarde à être effective, faute d'une résolution du Conseil de sécurité pour la doter d'un mandat internationalement reconnu.
Par Rapha?l MVOGO