Les participants à l'assemblée générale extraordinaire de la commission spéciale de coopération entre les villes de Brazzaville et Kinshasa (COSPECO) ont recommandé jeudi, au terme de leurs travaux, l'humanisation de l' opération de rapatriements des ressortissants de la république démocratique du Congo (RDC) en situation irrégulière en république du Congo, conformément aux accords de jumelage existant entre les deux capitales.
Après avoir examiné les conditions d'exécution de l'opération de police dénommée "Mbata ya bakolo", lancée début avril par les autorités de Brazzaville, les participants à ces assises ont demandé l'actualisation de la convention tripartite sur la libre circulation des personnes et des biens, signée en décembre 1999 à Luanda, capitale angolaise, entre l'Angola, la République du Congo et la RDC, et recommandé la mise en conformité de cette opération de police aux dispositions de ladite convention.
Dans un communiqué final sanctionnant la fin des travaux, les participants à cette assemblée générale ont recommandé la sensibilisation, l'identification, le dénombrement, la localisation et la sécurisation par les autorités Brazzavilloises des ressortissants de la RDC candidats au rapatriement forcé ou volontaire, actuellement cantonnés à leurs domiciles, au Beach de Brazzaville ou à l'ambassade de la RDC à Brazzaville, pour un meilleur traitement de leurs évacuations.
Pour ce faire, ils ont suggéré l'accélération du rythme des évacuations en augmentant le nombre des unités flottantes et celui des rotations journalières entre Brazzaville et Kinshasa et la prise, par les autorités de la RDC des dispositions d'accueil, d' encadrement et d'accompagnement des personnes rapatriés à leur arrivée au Beach de Kinshasa, avec l'appui de certaines organisations humanitaires telles la croix rouge, médecins sans frontière ou l'UNICEF.
Par ailleurs, les membres de cette commission ont aussi appelé les administrations respectives de Brazzaville et de Kinshasa à procéder à l'identification des étudiants et autres personnes liées par un contrat de travail, pour leur accompagnement à la régularisation de leur situation de séjour, et recommandé à cet effet, que des opérations de sensibilisation et d'éducation soient faites régulièrement dans les deux villes, à l'endroit des candidats à l'émigration sur la nécessité pour ceux-ci, de connaitre et respecter les lois du pays d'accueil en matière d' émigration et d'immigration.
Pour le député maire de Brazzaville, vice-président de la COSPECO, Hugues Ngouélondélé, l'opération de police "Mbata ya Bakolo", est une initiative des autorités nationales, qui dépasse donc les compétences de leurs attributions en tant qu'autorités locales.
"Toutefois, a-t-il souligné, en nos qualités de gestionnaires de nos deux villes, directement concernés, notre démarche partagée consiste exclusivement à suggérer les pistes potentielles de solutions pour un meilleur traitement de cette opération".
Cl?turant les travaux de ces assises, le président de la COSPECO, gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta a déclaré: "chacun de nous visait un objectif consensuel, influer en commun sur le déroulement de l'opération en cours de reconduction aux frontières de nos frères et soeurs, non pas pour y mettre fin, car nous n'en avons pas les moyens, mais plut?t examiner ce qui convient de faire, afin d'humaniser les conditions de transit des refoulées aussi bien à Brazzaville qu'à Kinshasa".
Désormais, a-t-il poursuivi, les personnes refoulées entre Brazzaville et Kinshasa pourraient être mis à l'abri des intempéries ; une prise en charge de leurs besoins vitaux va être organisée ; leur temps d'attente avant l'embarquement va être raccourci et l'aide des services sociaux des deux pays va être sollicitée.
Il a en outre insisté sur le renforcement des contr?les des services frontaliers particulièrement au départ du pays d'origine et à l'arrivée aux frontières du pays d'accueil, et sur la mise en place des espaces de transit sécurisées au niveau des points de passage, singulièrement au Beach de Kinshasa et de Brazzaville, où devant être dirigés les candidats recalés au contr?le des documents avant leurs évacuations vers l'une ou l'autre des deux villes.
Initiée par les autorités congolaises, l'opération "Mbata ya Bakolo" vise à lutter contre l'immigration clandestine et le grand banditisme sur l'ensemble du territoire nationale. Selon des statistiques publiées par le gouvernement de la RDC, à l'issue d' un récent conseil des ministres, 72 731 personnes ont été refoulées jusqu'à la fin de la semaine dernière du Congo- Brazzaville, parmi lesquelles, 71 407 l'ont été par le Beach de Brazzaville et le reste par les postes frontières des provinces du Bandundu et du Bas-Congo.