En réaction aux dernières mesures adoptées par le gouvernement marocain, dont l'augmentation des prix des carburants et le contenu de la note de cadrage pour la loi de finances 2014, les centrales syndicales se préparent pour une rentrée sociale houleuse. Plus d'un mois après l'expiration de la session de septembre pour le dialogue social, les syndicats sont rentrés en phase de coordination pour ouvrir un front de protestation contre le gouvernement. Une source syndicale citée par la presse marocaine affirme que les syndicats ne peuvent rester sans mot dire à l'égard de conditions sociales qui empirent de jour en jour en raison de l'absence de perspective du gouvernement concernant la question sociale.
Les appels à la grève ou à la protestation ne manquent pas du c?té de l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), de l'Organisation démocratique du travail (ODT), de l'Union marocaine du travail (UMT), de la Confédération démocratique du travail (CDT), de la Fédération démocratique du travail (FDT) et de l'Union nationale marocaine du travail (UNMT).
Dans ce sens, la presse marocaine rapporte que le secrétaire général de l'UNTM, Mohamed Yatim, proche du PJD au pouvoir a même menacé d'organiser des manifestations de masse à moins que le gouvernement ne s'engage à baisser les prix des carburants en cas de recul des cours mondiaux.
Les syndicats estiment que le gouvernement n'a pas honoré ses engagements contenus dans l'accord du 1er ao?t 1996 signé avec le patronat et les syndicats les plus représentatifs. Ils n'écartent pas la possibilité de multiplier les débrayages si le gouvernement ne répondait pas à leurs doléances. Ils réclament la résolution de l'ensemble des dossiers en suspens, notamment le respect de la représentativité syndicale lors des négociations, la restructuration des services chargés de la gestion des affaires du personnel, le règlement des problèmes de la promotion et de la gestion saine du dossier des postes vacants. Mais, les principales revendications ont surtout trait à la refonte globale des statuts de la fonction publique et des collectivités locales et à l'application du SMIG à 3.000 dirhams net par mois (un dollar équivaut à 8 DH) et la réforme du système de retraite pour une unification de caisses et de traitement. Elles concernent aussi la prise en charge globale des fonctionnaires de l'Etat et des collectivités locales en cas de maladie ou pour tout examen de diagnostic, dans les h?pitaux publics, sans avance imposée par le ticket modérateur de la convention entre la Santé et les organismes de gestion de l'AMO.
La CDT revendique le droit à la couverture sociale et sanitaire, à l'augmentation des salaires pour faire face à la cherté de la vie, à l'amélioration des prestations sociales, au règlement de la problématique du ch?mage, ainsi qu'au respect du code du travail et de l'action syndicale. De même, l'ODT appelle à augmenter les quotas de promotion d'au moins 33%, à l'organisation des concours d'avancement professionnel après quatre ans d'ancienneté pour tous les personnels et à la révision des statuts des administrateurs et cadres assimilés. Pour sa part, l'UMT propose que les salaires à 30.000 DH par an soient exonérés de l'IR (Imp?t sur le revenu).
Pour ce qui est du droit de grève, le gouvernement avait élaboré, en février 2004, un projet de loi relatif à ce droit. L'UMT avait demandé une révision de ce texte dont certains articles rendent impossible l'exercice du droit de grève et violent, selon le syndicat, plusieurs conventions internationales ratifiées par le Maroc. L'article 5 garantit par exemple "La liberté de travail" aux salariés qui ne participent pas à la grève. Pour l'UMT, le flou qui entoure cette notion laisse la porte ouverte à toutes les interprétations.