En écartant le technocrate et banquier Abdoul Mbaye de ses fonctions de Premier ministre, pour nommer Mme Aminata Touré, une personnalité plus engagée politiquement, le président Macky Sall veut accélérer les réformes et les programmes déjà engagés et donner des gages à son parti, l'Alliance pour la République (APR), soulignent les analystes.
Le nouveau gouvernement formé lundi s'inscrit dans ce sillage avec en plus, selon le directeur de cabinet du président de la République, Abdoul Aziz Tall, un "souci d'efficacité et de cohérence".
Il s agit, a déclaré de son c?té Mme Touré, d'accélérer le rythme des réformes pour que le citoyen sente l'action que le gouvernement mène en vue d'améliorer ses conditions de vie.
La nouvelle Première ministre est bien placée, en tant que membre influente de l'APR, pour mesurer l'importance et la nécessité des programmes et réformes qu'elle a contribués elle-même à inscrire dans les promesses électorales du candidat Macky Sall lors de la présidentielle de 2012.
Elle sait aussi que les Sénégalais qui avaient voté pour Macky Sall au détriment d'Abdoulaye Wade, attendent depuis la réalisation de ses promesses : emploi pour les jeunes et diminution des prix des denrées de première nécessité, ainsi que la fin des coupures intempestives d'électricité et des inondations récurrentes.
Le gouvernement sortant d'Abdoul Mbaye a passé plus de temps à redresser la situation économique et financière héritée de l'ancien régime, qu'à mener à bien les réformes d'autant que les effets de la crise économique mondiale n'ont pas épargné le pays.
De fait, ses résultats obtenus depuis sa prise de fonctions en avril 2012 sont plut?t mitigés. Certes, la réduction du train de vie de l'Etat et la traque des biens mal acquis par les anciens dignitaires du pays, sont engagées. Mais, la situation reste morose, le co?t de la vie reste élevé malgré une baisse des prix de certaines denrées de première nécessité.
Quant aux coupures d'électricité qui avaient provoqué la colère des Sénégalais et avaient été une des causes de la défaite de l'ancien régime, elles ont repris de plus belle même si elles sont moins longues.Ce n'est donc pas pour rien que dans le nouveau gouvernement, le secteur de l'énergie a été érigé en département ministériel, une manière de faire de ce secteur la clé de vo?te du développement économique et social.
Autre orientation significative : le ministère de l'Economie a été scindé en trois départements avec la création des ministères du Plan et de la Promotion des investissements.
Au niveau des hommes, un inspecteur des imp?ts (Amadou Ba) remplace un banquier (Amadou Kane) au ministère de l'Economie et des Finances et l'ancien directeur général des douanes Mouhamadou Mactar Cissé, devient le ministre délégué chargé du Budget, "pour permettre plus d'efficacité dans l'action gouvernementale", selon le directeur de cabinet du chef de l'Etat.
Enfin on note que Mme Touré qui dirige le gouvernement, bénéficie d'un préjugé favorable aux yeux de l'opinion, selon la presse. On lui a reconnu beaucoup de ténacité et rigueur lors de son passage au ministère de la Justice où elle a engagé la traque des biens mal acquis et mis sur les rails le procès contre Hissène Habré, ancien chef de l'Etat tchadien poursuivi pour crime contre l'humanité.
Elle laisse ces chantiers, ainsi celui de la réforme du secteur de la Justice à un homme du sérail et défenseur des droits de l'homme : l'avocat Sidiki Kaba, ancien président de la Fédération internationale des Droits de l'Homme. Comme une assurance que les personnes poursuivies pour enrichissement illicite, notamment Karim Wade, fils de l'ancien président Abdoulaye Wade, bénéficieront d'un traitement équitable.