Au total 1 015 victimes directes et indirectes du régime de Hissène Habré se sont constituées parties civiles devant les Chambres africaines extraordinaires, chargées de conduire le procès de l'ex-chef d'Etat tchadien, a annoncé mercredi à Dakar Mme Jacqueline Moudeina, leur avocate.
Hissène Habré, agé de 71 ans, en détention provisoire depuis le 2 juillet à Dakar où il vivait en exil depuis sa chute en 1990 après huit ans de pouvoir, est inculpé de "crimes contre l' humanité, tortures et crimes de guerre".
Mme Moudeina, qui tenait, avec d'autres avocats de victimes et des responsables d'organisation de défense des droits de l'homme, une conférence de presse, a indiqué que cinq des victimes "ont d' ores et déjà donné leurs dépositions aux juges d'instruction des Chambres africaines extraordinaires".
"Nous, les avocats, représenterons les 1015 victimes tout au long de la procédure devant les Chambres de l'instruction jusqu'au procès", a-t-elle précisé.
"Nous nous battrons aussi pour que les droits de Hissène Habré soient respectés et que cette procédure soit équitable et exemplaire. Nous ne courrons pas après la vengeance. Nous ne voulons pas faire subir à Habré une once de ce que les victimes ont connu", a-t-elle insisté.
Les avocats de l'ex-président tchadien Hissène Habré ont décidé de boycotter son procès en se mettant en retrait de la procédure, estimant que le "tribunal spécial a déjà signé l'arrêt de la condamnation de leur client".
Les Chambres africaines extraordinaires, qui constituent le tribunal spécial chargé de le juger à Dakar, ont été créées au sein des juridictions sénégalaises pour pouvoir juger Hissène Habré, à la demande l'Union Africaine.